Où vont vos impôts: 32 M$ dans une compagnie de cellulaires au Kenya
Gabriel Côté
L’Institut de Financement du Développement du Canada (FinDev) a injecté 32 M$ dans une compagnie de cellulaires au Kenya.
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Depuis 2018, cette organisation créée par le gouvernement de Justin Trudeau pour réaliser des investissements dans les pays en développement a investi à trois reprises dans la fintech M-KOPA, qui fournit des téléphones intelligents en Afrique subsaharienne: 10 M$ en 2018, 2 M$ en 2020 et enfin 20 M$ en 2023.
«En Afrique subsaharienne, il y a un gros écart numérique», a expliqué une porte-parole de FinDev, Angela Rodriguez, en entrevue avec Le Journal.
«Ça limite l’accès aux finances et ça limite l’accès à l’éducation. Des téléphones intelligents abordables, ça vient répondre en partie à ces enjeux.»
Argent public, renseignements privés
Voilà, sans conteste, de nobles objectifs. Mais ces investissements, réalisés avec de l’argent public, sont-ils rentables?
À cette question, il est malheureusement difficile de répondre. M-KOPA Holdings n’est pas inscrite en bourse, donc on dispose de peu d’informations fiables sur la performance financière de l’entreprise.
Et de son côté, FinDev dit ne pas pouvoir fournir quelque indication que ce soit à ce sujet, en raison de son obligation de protéger certaines informations «commercialement sensibles». «Nous avons évalué l’investissement avant de procéder, et il satisfaisait à notre double mandat d’impact et de durabilité financière», s’est bornée à déclarer Mme Rodriguez.
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Les résumés de transaction des trois investissements dans M-KOPA, disponibles sur le site de FinDev, contiennent des appréciations concernant l’impact social et environnemental de l’entreprise, mais fort peu d’informations d’ordre financier.
Action en justice
Par ailleurs, une ancienne directrice d’une filiale de l’entreprise, Elizabeth Njoki, a intenté une action en justice contre M-KOPA en juillet, alléguant une «discrimination à l’encontre des employés africains dans l’attribution des actions».
Plus précisément, la plaignante soutient qu’une catégorie d’action, offrant des droits et des protections de sortie supérieurs, était réservée aux employés expatriés et que les employés africains ne pouvaient mettre la main que sur des actions de moindre qualité.
Pour sa part, M-KOPA estime que ces allégations sont «non fondées et entièrement fausses», selon une déclaration envoyée cet été au média TechCabal.
Questionnée à ce sujet, Mme Rodriguez a affirmé: «On n’a pas d’action à prendre concernant cet investissement, c’est tout ce qu’on peut dire.» Elle a ajouté que «tous les investissements de FinDev sont surveillés».