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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Où sont les honneurs pour Mulroney?

Un organisme fédéral aura besoin de 25 ans pour définir en quoi l’ancien premier a été important

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Photo portrait de Guillaume St-Pierre – analyse

Guillaume St-Pierre – analyse

2025-08-23T04:00:00Z
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OTTAWA | Que doit-on retenir du règne de l’ex-premier ministre Brian Mulroney, et comment devrait-on l’honorer ? Il semble qu’un organisme fédéral aura besoin de 25 ans pour y réfléchir.

Les membres de la famille de Brian Mulroney en sont évidemment outrés, et on peut les comprendre.

Comme la plupart des politiciens, Brian Mulroney a sa part d’ombre, mais son héritage politique est indéniable.

Au Canada anglais, cette semaine, une petite controverse a éclaté concernant la reconnaissance historique accordée à Brian Mulroney par Parcs Canada.

Ce département fédéral a la responsabilité de choisir des lieux et des personnes à honorer à travers le pays et de quelle manière, comme des statues ou des plaques commémoratives et son contenu.

Vérification faite, Parcs Canada a bel et bien reconnu l’ex-premier ministre comme un «personnage historique national», en février dernier. Mais sans plus.

Une nouvelle politique

Mais il y a un hic : dans une récente décision, les membres de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, qui relève de Parcs Canada, ont choisi d’adopter une règle des 25 ans après le décès afin de laisser le temps au temps avant de trancher sur l’importance réel d’un premier ministre et sur la façon de l’honorer.

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A-t-on vraiment besoin d’attendre un quart de siècle pour définir en quoi «le p’tit gars de Baie-Comeau» est important ? Poser la question, c’est y répondre.

Un quart de siècle, c’est long, surtout que Brian Mulroney a été premier ministre de 1984 à 1992.

A-t-on vraiment besoin d’attendre en 2050 pour statuer sur son legs ?

«Il n’y a aucune justification à une règle de 25 ans, souligne en entrevue l’ancien patron de la fonction publique fédérale Michael Wernick. Mulroney devrait être commémoré convenablement, et bientôt.»

Cela étant dit, le gouvernement libéral en place pourrait prendre les devants en renommant un lieu en l’honneur de Mulroney.

Environ trois ans après son décès, Pierre Elliott Trudeau a eu droit à un aéroport, celui de Montréal, et Lester B. Person, celui de Toronto.

Des débats houleux

On comprend que dans les dernières années, les débats se sont accentués sur l’importance à donner à certains de nos «héros» nationaux qui n’ont pas qu’un passé glorieux.

Doit-on rappeler les statues déboulonnées de John A. Macdonald ?

En 2019, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada admettait que « ces débats sont source de préoccupation quant au contenu des textes de plaque, aux raisons de désignation, aux noms de lieux historiques et même à la valeur de certaines désignations ».

On peut comprendre que le fédéral veille à prendre son temps afin de poser un regard lucide sur l’histoire parfois récente.

Mais dans ce cas précis, Parcs Canada semble plutôt avoir peur de son ombre.

L’ironie veut que Brian Mulroney soit perçu comme l’un des premiers ministres canadiens les plus verts de l’histoire.

Legs importants

Il a notamment créé huit nouveaux parcs nationaux et fait signer le traité canado-américain sur les pluies acides.

Que dire de ses efforts pour faire une place au Québec dans la Constitution canadienne et sa lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.

Outre Parcs Canada, qui ne semble vraiment pas pressé, le gouvernement libéral en place n’a pas encore donné d’indice sur la façon dont le Canada compte honorer Mulroney.

L’Université Laval, où il a étudié, lui rendra hommage avec la construction d’un nouveau pavillon qui portera son nom. L’autre université qu’il a fréquentée en Nouvelle-Écosse lui a déjà fait cet honneur.

Le décès de Brian Mulroney, en février 2024, a donné l’occasion de mesurer l’envergure de son héritage.

Un legs qui mérite amplement d’être reconnu dès aujourd’hui, pas dans 25 ans.

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