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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Où est donc le ministre Steven Guilbeault?

Photo AFP
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Photo portrait de Guy Fournier

Guy Fournier

2025-07-23T21:00:00Z
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Steven Guilbeault passe-t-il l’été à se chauffer au soleil en haut de la tour du CN à Toronto ou s’affaire-t-il à sauver notre télévision? 

Peut-être ne le sait-il pas, mais cet homme, qui se fait très discret depuis qu’il est ministre de l’Identité et de la Culture, a le sort de notre télévision entre les mains. Le ministre n’avait pas encore 21 ans quand fut adoptée la Loi sur la radiodiffusion qui détermine le statut de Radio-Canada. Il a maintenant 55 ans. Il est responsable de CBC/Radio-Canada devant le Parlement et il chapeaute de près ou de loin tout ce qui grouille et grenouille dans notre monde de l’audiovisuel.

Depuis 10 ans, six ministres du Patrimoine (dont deux fois Pablo Rodriguez et deux fois Guilbeault) ont occupé le poste. Croix sur le cœur, tous ont promis un nouveau mandat pour Radio-Canada et des milliards des géants du numérique en redevances et en taxes. À son premier mandat, Guilbeault avait même prédit des contributions de 800 millions par an de Netflix, Disney, Apple et compagnie. On attend toujours, mais on n’espère plus rien!

Experts par-dessus experts

En janvier 2020, un comité d’experts nommés par Mélanie Joly ayant à sa tête Janet Yale déposa un rapport dont tous dirent du bien. On recommandait entre autres un financement stable pour Radio-Canada ainsi que l’abandon graduel de la publicité. Devenue ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge nomma un nouveau comité: sept «experts» dont on n’a jamais publié les recommandations. Seul résultat concret, l’un de ses membres fut nommé PDG de CBC/Radio-Canada. Marie-Philippe Bouchard entra en fonction le 3 janvier 2025.

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S’emploie-t-elle depuis à mettre en œuvre des recommandations dont on ne sait rien ou tuerait-elle le temps en attendant que le gouvernement modernise le mandat antédiluvien du diffuseur public? À moins que le premier ministre Mark Carney ait décidé qu’il a d’autres chats à fouetter, dont le vieux matou orange qui aiguise ses griffes à la Maison-Blanche. Si c’est le cas, on aura dépensé des millions de dollars en expertise, gaspillé des torrents de salive et noirci des milliers de pages pour rien.

À bout de souffle

Avec son mandat antédiluvien, le diffuseur public peut continuer son bonhomme de chemin encore longtemps, mais ce n’est pas le cas de la télévision privée. Au 31 août 2024, TVA a rapporté au CRTC une perte de 59,7 millions et Noovo, une perte de 50,3 millions malgré des mises à pied massives (680 emplois en deux ans à TVA seulement) et des coupes drastiques dans les dépenses. En dépit de cotes d’écoute qui continuent de faire envie, TVA et Noovo sont à bout de souffle.

Steven Guilbeault est le seul qui puisse momentanément permettre à la télévision privée de souffler. Il suffit de moderniser le mandat du diffuseur public pour l’expulser des plates-bandes du privé, y compris de la publicité. C’est une mesure avec laquelle tous les Canadiens sont d’accord. Sauf la direction de Radio-Canada!

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