Où ça, des tests rapides?

Louis-Philippe Messier | Journal de Montréal
Une pharmacie près de chez vous vient-elle de recevoir une livraison d’autotests aujourd’hui ? Ça se peut. Si c’est le cas, mettez cette chronique de côté. Allez immédiatement chercher votre trousse pendant qu’il en reste !
« Ça part en moins de deux heures », me dit une employée d’une pharmacie de mon quartier.
« On en commande tous les jours et on nous dit qu’il n’y en a pas, et si ça arrive demain, ce sera encore une fois parti très, très rapidement », m’explique une de ses collègues.
À la course dans Hochelaga, j’ai visité une pharmacie Jean Coutu, une Uniprix et une Pharmaprix.
Chacune affichait des avis d’indisponibilité pour dissuader les gens d’enquiquiner les employés du laboratoire.
« On me pose quand même la question toute la journée », confie un commis, résigné.
Une pharmacie garde toujours les mêmes feuilles pour dire « Non, on n’en a pas ! » et modifie la date au liquide correcteur.
Pour éviter de trop stimuler une ruée, une pharmacienne m’a dit ne pas afficher qu’elle a reçu une cargaison... Autrement dit, s’il n’y a pas sur la porte d’avis pour dire « il n’y en a pas », c’est probablement parce que – ô miracle – il y en a ! Premier arrivé, premier servi... jusqu’au retour à la normale (c’est-à-dire la pénurie).
J’ai voulu prendre le pouls hors de l’île, et, chez Familiprix Extra Chantal Gagnon à Saint-Césaire, on avertit les clients sur la page Facebook du commerce lorsqu’il y a une livraison.
Tous les employés à qui j’ai parlé étaient optimistes quant aux chances de recevoir des livraisons d’ici au réveillon du 31. Alors, chers lecteurs, à vos téléphones. Soyez compréhensifs si la personne qui vous répond ne déborde pas d’enthousiasme : elle reçoit 100 appels par jour.
Payer ou glandouiller
Après ma troisième pharmacie, je croise deux adolescentes françaises en vacances qui me racontent avoir quadrillé le quartier à la recherche de tests. Je laisse alors tomber ma quête du Graal. Je sors mon portefeuille. Dans Kijij, des « ratoureux » proposent de vendre les trousses qu’ils ont (probablement) obtenues gratuitement. Quelqu’un propose un test pour 15 $.

J’envisagerais aussi de me présenter dans une des cliniques de dépistage privées, comme Go Test Rapide, qui ne me ferait pas attendre et qui me donnerait mon résultat vite... si je le paie 75 $ !
Je suis éperdu de pitié pour ces gens que l’on fait poireauter des heures en file devant les cliniques « gratuites » de la Santé publique. J’ai mis « gratuites » entre guillemets parce que perdre son temps de la sorte, c’est une dépense. Franchement, j’ai bien moins peur du variant Omicron en tant que tel que de l’obligation où je me trouverais, l’ayant contracté, de m’imposer une séance de « glandouillage » et de grelottement sur un trottoir à 2 mètres de mes semblables.