Ottawa vient en aide au secteur de l’acier, lourdement affecté par les tarifs de 50%

Raphaël Pirro
Le Canada va restreindre les importations d’acier de l’étranger, incluant la Chine, afin d’aider les entreprises canadiennes à traverser la crise créée par les tarifs de 50% imposés par les États-Unis de Donald Trump.
Mark Carney en a fait l’annonce mercredi matin à Hamilton, dans le sud de l’Ontario, où les usines d’acier représentent un moteur économique.
«L’acier est à la fondation même du Canada, et on en aura besoin de beaucoup plus pour lancer les projets d’intérêt national qui s’étaleront sur les décennies à venir», a déclaré le premier ministre alors qu’il se trouvait dans une usine du producteur sidérurgique Walters Group.
«L’acier sera aussi essentiel à nos projets d’infrastructures énergétiques, nos ports, nos nouveaux corridors ferroviaires et commerciaux, la défense et nos centres de données sur l’intelligence artificielle.»
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
La Chine dans le viseur
Ottawa va réduire de moitié le volume d’acier pouvant être importé sans droits de douane. Au-delà de cette limite, les produits d’acier seront imposés de droits de douane de 50%.
La Chine est particulièrement visée, avec des droits de douane supplémentaires de 25% sur les produits contenant de l’acier fondu et coulé en Chine, peu importe le pays de provenance.
Ces mesures ont pour objectif de favoriser l’approvisionnement en acier canadien par les constructeurs locaux.
«Nous serons nous-mêmes notre meilleur client», a indiqué le premier ministre lors de sa conférence de presse.
Dans cette optique, le fédéral s’apprête d’ailleurs à changer les règles pour s’approvisionner avec de l’acier canadien.
Requalifier les travailleurs
M. Carney a aussi dévoilé des mesures en soutien aux travailleurs qui augurent mal pour l’avenir de ce secteur.
En effet, le gouvernement allouera 70 M$ à des formations de «requalification» pour les travailleurs de l’acier affectés par les tarifs américains afin de les aider à changer de domaine.
Un milliard de dollars seront investis dans l’innovation afin d’aider le secteur de l’acier à adapter ses usines pour des projets axés sur le marché canadien, que ce soit pour les projets de défense, d’infrastructures énergétiques ou même de logements.
Les tarifs, là pour rester?
Au début du mois de juin, Donald Trump a signé un décret pour doubler ses droits de douane sur l’acier et l’aluminium du monde entier, les faisant passer de 25% à 50%.
Un journaliste a demandé à Mark Carney quel était le seuil minimal acceptable pour des tarifs après la signature de l’entente commerciale avec Donald Trump.
Sans mordre à l’hameçon, il a confirmé qu’il faudrait oublier le scénario d’un retour à la normale, même après la signature d’une nouvelle entente.
«C’est une bonne question, mais si je répondais, ce serait une mauvaise réponse, a-t-il déclaré, sourire en coin. J’observe que tous les accords, toutes les discussions, toutes les attentes, toutes les rumeurs avec n’importe quel pays incluent des tarifs.»
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