Ottawa offre une aide massive au secteur forestier canadien sous la pression de l’administration Trump

Raphaël Pirro
Ottawa offrira 1,2 milliard $ en aide aux entreprises de l’industrie forestière pour mieux gérer les dégâts potentiels des tarifs de l’administration Trump.
Cette aide sera divisée en deux volets: 700 millions $ en prêts garantis pour assurer l’accès à des liquidités, puis 500 millions $ pour aider à la diversification des produits issus du bois.
«Même si nous continuerons à travailler avec les États-Unis sur les nombreuses opportunités mutuellement avantageuses en matière de commerce et d’investissement, il est clair que pour notre prospérité, nous ne pouvons pas compter sur ce qui fut la plus précieuse relation commerciale», a déclaré Mark Carney en conférence de presse à Kelowna, en Colombie-Britannique, mardi.
Sous pression
Comme l’acier, l’aluminium et d’autres matières premières, Donald Trump a dans sa mire le bois d’œuvre, qu’il considère comme un «secteur stratégique» pour son pays.
À la fin juillet, le département du Commerce des États-Unis a annoncé qu’il augmenterait les droits «antidumping» sur le bois d’œuvre canadien d’environ 20%, ce qui ferait grimper les droits de douane à 34%.
Le Canada est le deuxième producteur de bois d’œuvre résineux dans le monde, et le Québec compte pour près du tiers du volume total. Environ 70% des exportations canadiennes sont destinées au marché américain.
Québec se réjouit
L’annonce a réjoui la ministre québécoise des Ressources naturelles et des forêts, Maïtée Blanchette Vézina.
«Maintenant, il faut que l’argent fédéral arrive rapidement sur le terrain. Et il faut, une fois pour toutes, régler le conflit sur les tarifs du bois d’œuvre», a-t-elle dit.
L’aide financière au secteur forestier était l’un des chevaux de bataille du Bloc Québécois dans la dernière campagne électorale.
Le chef Yves-François Blanchet n’est «pas pâmé», mais «content» qu’Ottawa ait répondu à l’appel.
«Ce n’est pas à la hauteur des besoins de l’industrie, et il [Carney] peut faire plus sans que ça nous coûte plus cher», a estimé M. Blanchet en entrevue.
Plus de bois utilisé ici
Mark Carney a ajouté qu’il y aurait des initiatives pour faire croître le marché potentiel du bois à l’international, notamment vers l’Asie. Pour ce faire, le Canada entend mettre l’accent sur le caractère écoresponsable du bois.
Le premier ministre a indiqué qu’il comptait valoriser l’utilisation du bois canadien dans une foule de contextes afin de dynamiser l’industrie, que ce soit dans la construction de maisons ou pour les projets d’infrastructure d’envergure qu’il compte mettre en chantier dans les prochaines années.
Les États-Unis et le Canada sont à couteaux tirés sur la question du bois depuis le début des années 1980.