30 bélugas menacés de mort à Marineland: quoi faire pour sauver les animaux?


Anne-Sophie Poiré
Marineland menace d'euthanasier les 30 bélugas qu’il retient en captivité si Ottawa ne lui verse pas des fonds d'urgence. Le parc d'attractions aquatique que «tout le monde aimait», jadis, affirme ne plus avoir les moyens d’assurer la survie des baleines, même s’il sait depuis longtemps qu’il devra gérer leur fin de vie, plaident des organisations de défense des animaux.
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«Marineland doit assumer ses responsabilités», tranche la directrice de la défense des animaux et des affaires juridiques et gouvernementales à la Société de protection contre la cruauté des animaux (SPCA) de Montréal, Me Sophie Gaillard.
«Ça fait depuis 2019 que des organismes tentent de s’entretenir avec le parc pour trouver des solutions et offrir une fin de vie décente aux bélugas. Marineland savait que ce jour allait venir et il n’a rien fait», poursuit-elle.
Une loi adoptée par Ottawa en 2019 interdit la captivité, la reproduction et l’utilisation des cétacés à des fins de divertissement ou de reproduction au Canada. L’exportation de ces animaux est également illégale, sauf autorisation spéciale du ministère des Pêches et des Océans du Canada.
Même si Marineland a fermé ses portes en 2024, 30 bélugas y vivent toujours. Le parc situé près des chutes du Niagara, en Ontario, affirme ne plus avoir les fonds pour apporter les soins nécessaires à la survie de ses animaux.
L'entreprise a ainsi demandé à Ottawa l’autorisation de les déplacer vers le parc d'attractions Chimelong Ocean Kingdom, en Chine, qui a exprimé son intérêt à les accueillir.
La demande de Marineland a toutefois été rejetée par le gouvernement canadien.
Demander de l’argent les poches pleines
Devant ce refus, la direction de Marineland exige une aide financière d'urgence pour assurer la survie des bélugas.
Si le gouvernement fédéral refuse de lui venir une aide et qu’il maintient son interdiction d’exporter les baleines, le parc affirme qu’il devra les euthanasier.
«On est vraiment choqué par la réponse de Marineland qui menace d’euthanasier ces animaux alors que le parc a tiré des profits immenses de leur exploitation pendant des décennies», déplore Me Sophie Gaillard de la SPCA de Montréal.
Elle assure que d’autres solutions existent.
«Des installations plus adéquates pour héberger ces animaux de manière temporaire, en attendant de trouver des sanctuaires certifiés prêts à les accueillir, pourraient également être développées sur le terrain du parc, à Niagara Falls», propose-t-elle.
«Marineland est propriétaire de ce terrain qui vaut des centaines de millions de dollars. Il a donc les moyens financiers de le faire», insiste-t-elle.
Le Whale Sanctuary Project, un «refuge» pour les baleines en Nouvelle-Écosse, pourrait possiblement accueillir quelques-uns de ces bélugas une fois sa construction terminée.
Les pires conditions au monde
«Ce n’est pas une option de tuer des baleines, parce que ça coûte trop cher. Rendu là, c’est bien mieux de les placer en captivité en Chine ou ailleurs», fait pour sa part valoir l’ancien dresseur professionnel à Marineland, Philip Demers.
Selon lui, il serait possible d’offrir les 30 bélugas menacés de mort à des établissements aux États-Unis et même de négocier avec eux pour interdire la reproduction des animaux.

Mais c'est qu'il faut, c’est de sortir les animaux de Marineland, où les conditions de vie «sont probablement les pires au monde», affirme Philip Demers.
Depuis 2019, 19 bélugas sont décédés au parc de Niagara Falls.
Philip Demers s'est fait poursuivre pour 1,5 million de dollars par Maineland après avoir agi comme lanceur d’alerte en 2012 pour dénoncer la maltraitance des mammifères marins en captivité. Le parc l’accusait d’avoir tenté de voler Smooshi, le morse dont il avait la garde.