Ottawa change les règles du jeu: budget d’automne et comptabilité à deux voies

Raphaël Pirro
OTTAWA | Le gouvernement Carney déposera désormais ses budgets à l’automne plutôt qu’au printemps, pavant la voie à «une nouvelle ère» et rompant avec la tradition à Ottawa.
Cette nouvelle façon de faire permettra, selon le ministère des Finances, d’offrir une meilleure prévisibilité pour les entreprises et les organisations, de même que pour les provinces.
«Je vous dirais même que les budgets à l’automne, c’est plutôt la norme au G7 plutôt que l’exception. Le Canada faisait bande à part un peu dans ce groupe-là», a indiqué François-Philippe Champagne en comité parlementaire lundi matin.
Ce chambardement de l’agenda était demandé par un certain nombre de joueurs dans la sphère des finances fédérales, notamment le directeur parlementaire du budget. Il aidera aussi les provinces à mieux préparer leur budget.
«Ce changement apportera la certitude et la prévisibilité nécessaires pour planifier les projets et garantir que ces derniers peuvent être lancés dès le début de la saison de la construction», a indiqué le ministère dans un communiqué.
Un budget à deux voies
Par ailleurs, Ottawa scindera les dépenses courantes et les investissements en deux catégories distinctes, comme l’a répété le premier ministre libéral depuis qu’il s’est lancé en politique, en début d’année.
Le dépôt du premier budget de Mark Carney, le 4 novembre, sera le premier à appliquer la nouvelle méthode, couramment utilisée dans le privé.
La volonté de traiter les deux de manière distincte permettra notamment aux députés de mieux superviser les activités du gouvernement, indiquent les libéraux.
Une chose ne changera pas: «La manière dont le déficit est calculé et dont la dette est enregistrée restera la même qu’auparavant», a dit M. Champagne. Quelques calculs seront effectués différemment, mais le résultat restera le même que selon les anciennes formules.
Dans la colonne des investissements se trouveront les divers projets sur lesquels mise le gouvernement du Canada pour développer l’économie à court, moyen et long terme.
Cela comprend entre autres les nouvelles infrastructures, le logement et les projets d’énergie propre.
Les programmes sociaux, de même que les coûts d’exploitation de la bureaucratie fédérale et les frais pour le fonctionnement courant des ministères et des agences, apparaîtront du côté des dépenses courantes.
Mark Carney n’a pas caché son intention de faire grimper les chiffres dans la colonne des investissements en capital tout en réduisant le fardeau des dépenses courantes.