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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Un classique de Shakespeare revisité et magnifié

«Othello» à l'affiche du Trident jusqu'au 29 mars

Photo STÉPHANE BOURGEOIS
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Photo portrait de Yves Leclerc, Agence QMI

Yves Leclerc, Agence QMI

2025-03-09T17:03:23Z
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Le théâtre offre, depuis quelques années, plusieurs propositions multidisciplinaires. L’idée d’amener les arts du cirque et du chant au cœur du classique Othello de Shakespeare permet de magnifier une œuvre lourde par moment.

À l’affiche au Trident jusqu’au 29 mars dans une adaptation de Jean-Marc Dalpé et une mise en scène de Didier Lucien, cette pièce, jouée pour la première fois en 1604, profite d’une relecture modernisée sans jamais perdre son classicisme.

Othello, c’est l’histoire du général de l’armée vénitienne, manipulé par Iago, qui lui fait croire que Desdemona, sa conjointe, est infidèle. Habité par la jalousie, Iago veut détruire Othello et son lieutenant Cassio.

Avant le début de la pièce, un rideau cache le décor. Une excellente idée qui devrait être utilisée plus souvent. Surtout lorsque le décor, soit la reconstitution d’un palais, vaut le détour. On assiste à une belle entrée en matière accompagnée de cloches qui sonnent.

Il y a beaucoup et beaucoup de mots au cours des 25 premières minutes de la pièce. Il faut avoir un bon niveau de concentration pour suivre l’histoire. L’idée de Jean-Marc Dalpé de simplifier la prose souvent chargée de Shakespeare, avec des ajouts en québécois et en italien, amène une belle dose de modernité et facilite la compréhension. C’est plus chaleureux et moins dans la déclamation.

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C’est toutefois le chant de Valérie Le Maire, dans les rôles de la Doge et de la Sybille, avec la présence des artistes de cirque Emily Chilvers, Guillaume Fontaine, Kei Nguyen et Daniel Stefek, qui permet d’alléger cette pièce qui dure 2 heures et 20 sans entracte. Ça fait du bien.

Photo STÉPHANE BOURGEOIS
Photo STÉPHANE BOURGEOIS

Quelques minutes plus tard, une superbe séquence chorégraphiée donne vie à une tempête. C’est grandiose et spectaculaire.

L’imposante distribution, qui réunit 15 artistes, habite de belle façon le vaste espace scénique.

Les numéros des artistes de cirque n’ont pas toujours de liens avec le récit. On peut, ici et là, décoder quelques pistes, mais elles sont surtout intégrées pour amener un peu d’air dans une histoire dense. Même chose avec les interventions chantées de Valérie Le Maire.

Superbe Cassio

Toute la distribution tire bien son épingle du jeu. Steven Lee Potvin, dans le rôle de Cassio, a une superbe présence sur les planches. Il est très juste tout au long de la pièce. On souligne aussi le travail d’Ariane Bellavance-Fafard, dans le rôle de Desdemona, Myriam Lenfesty, dans celui d’Emilia, et Lyndz Dantiste, dans la peau de Iago. Jean-Marc Dalpé est énergique dans le personnage de Brabantio.

Photo STÉPHANE BOURGEOIS
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Le moment où Othello, interprété par Rodley Pitt, assassine Desdemona est particulièrement intense. Ça résonne avec puissance avec les nombreux féminicides commis au cours des dernières années.

Drame immense, avec de multiples mortalités en fin de parcours, la présence des artistes de cirque et de chants allège à nouveau l’aspect dramatique.

Photo STÉPHANE BOURGEOIS
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Œuvre qui prend un peu de temps à se mettre en place, Othello est ensuite bien servi par son aspect multidisciplinaire. Réussi et grandiose.

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