Festival Osheaga, jour 2: Shaboozey et Alex Warren séduisent le public montréalais


Félix Desjardins
Des artistes qui ont dominé les palmarès dans la dernière année se sont illustrés au festival Osheaga, samedi après-midi, et un groupe de Chicago a offert une des plus belles performances du week-end.
Alex Warren

Parfait inconnu il y a un an, le Californien était un des artistes les plus attendus de la journée; un peu à l’image de Chappell Roan l’an dernier, il est parvenu à attirer une foule monstre pour un spectacle de milieu d’après-midi. «Toutes mes chansons sont à propos de ma femme ou de mes parents défunts, je m’en excuse», a-t-il lancé entre deux chansons, sous les rires fournis de la foule. En effet, Warren a perdu son père, fauché par le cancer, et sa mère, des suites de l’alcoolisme, avant de souffler ses 25 bougies et la musique est une thérapie pour lui. Avec un chandail Property of USA («propriété des É.-U.») sur le dos, il a présenté son court catalogue, parfois country, parfois pop folk. Certains de ses morceaux nous ramènent même à l’époque de domination de groupes mièvres comme Of Monsters and Men ou Mumford and Sons. En clôture des festivités, sans surprise, il a chanté Ordinary, qui vient curieusement de passer sa huitième semaine au sommet du Billboard Hot 100. Alex Warren ne réinvente peut-être pas la roue, mais sa voix de ténor et sa sensibilité rejoignent certainement une nouvelle génération d’amateurs de country.
Whitney

Après avoir découvert la voix puissante de Naomi Sharon, les festivaliers ont pu tourner la tête vers la scène de la Vallée et s’évader avec Whitney, groupe de Chicago en visite à Montréal pour la première fois en six ans. Et quel moment exquis ce fut! En pleine heure dorée, les envolées westerns du guitariste Max Kakacek et la voix limpide de Julien Ehrlich étaient un baume dans une journée aussi intense. Placé au centre de la scène, aux commandes de la batterie, Ehrlich avait peut-être bu un verre de vin de trop avant le concert (de son propre aveu), mais il n’a pas dérougi pendant cette courte performance de 45 minutes. Appuyée par la trompette discrète de Will Miller, la formation a développé un son qui lui est propre dans un océan d’artistes indie rock. Elle n’a pas déçu dans son interprétation de son plus grand succès, No Woman, mais a aussi présenté quelques morceaux qui figureront dans son quatrième album, prévu pour novembre, Small Talk. Un coup de cœur pour la douce mélodie de Dandelions et l’entraînante Won't You Speak Your Mind.
Shaboozey

À voir les milliers de bottes de cowboy qui piétinaient le sol de l’île Sainte-Hélène, on pouvait se douter que la nouvelle coqueluche du country américain figurait parmi les artistes chouchous du public en cette 18e édition. Bien qu’il ait publié son premier opus en 2016, ce n’est qu’après le succès gigantesque de son hymne à la fête A Bar Song (Tipsy) qu’il a fait son entrée dans le mainstream, l’an dernier. Le ver d’oreille, qui lui a valu quatre nominations aux Grammy, a bien évidemment été le point d’exclamation de sa performance à Osheaga, en fin de spectacle. Il s’est montré avenant et reconnaissant envers le public montréalais, qui le recevait pour une deuxième fois, et qui l’acclamera une fois de plus au festival Lasso... dans deux semaines. Certes, Shaboozey n’a pas la plus grande voix ni la plume la plus aiguisée, mais il a la capacité innée de créer des moments rassembleurs. Une ambiance bon enfant régnait tout au long de son heure sur scène, particulièrement à la énième fois qu’il chantait le refrain de A Bar Song.