Osheaga en 7 moments forts

Raphaël Gendron-Martin
Le retour au bercail des chouchous locaux Arcade Fire, le triomphe pop de la diva Dua Lipa, l’intensité de Turnstile et Caribou, la curiosité insaisissable de 100 gecs, les chorégraphies théâtrales de Mitski et la jovialité bon enfant de Wet Leg. Les moments forts auront été nombreux pour cette 15e édition d’Osheaga. Organisé pour la première fois en trois ans dans sa formule habituelle à six scènes, le festival a accueilli plus de 120 000 personnes au parc Jean-Drapeau de l’île Sainte-Hélène. L’organisation a annoncé, à la tombée du rideau dimanche soir, que le populaire événement montréalais reviendrait du 4 au 6 août 2023.
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DUA LIPA

Voilà un concert qui pourrait être annonciateur du futur d’Osheaga. Pour la première fois de son histoire, le festival a accueilli une tournée d’aréna d’une grande vedette pop internationale. Et le résultat a été pour le moins spectaculaire. Même si elle s’était produite au Centre Bell à peine quelques jours plus tôt, Dua Lipa a reçu un accueil tonitruant de la foule qui avait visiblement envie de s’amuser avec elle. La chanteuse et son imposante équipe de danseurs et musiciens le leur ont rendu au centuple avec une performance rodée au quart de tour, ponctuée par de nombreuses chorégraphies. Pas moins de 13 chansons de son dernier album, Future Nostalgia, ont été interprétées dimanche, nous démontrant à quel point ce disque ne contient que des gros titres. Après ce passage très concluant, la porte est grande ouverte — on le souhaite — pour d’autres mégastars pop à Osheaga.
ARCADE FIRE

L’équipe d’Osheaga n’aurait pu rêver d’une meilleure tête d’affiche pour lancer les festivités de sa 15e édition [désolé, Dave Grohl !]. Douze ans après son premier — et seul — passage à Osheaga, la bande à Win et Régine était visiblement heureuse de rejouer devant les siens. Que dire de ce concert haut en couleur dont le visuel était assuré par Moment Factory ? Qu’il a laissé une belle place aux pièces du nouvel album WE, sans toutefois oublier le vieux répertoire du groupe. Et on a particulièrement aimé que Dan Boeckner, qui accompagne Arcade Fire en tournée, vienne faire une chanson de son groupe Wolf Parade, This Heart’s On Fire.
WET LEG

Il fallait voir le sourire sur les visages de Rhian Teasdale et Hester Chambers pour leur tout premier concert en sol canadien, dimanche, sur la scène des Arbres. Les deux filles de l’île de Wight, dans le Royaume-Uni, ont vu leur popularité exploser dans les dernières semaines, grâce au contagieux tube Chaise longue. Elles semblent profiter pleinement de tout ce qui leur arrive. Et elles l’ont bien rendu à leurs fans avec une prestation courte, mais très efficace. Le public, un peu moins nombreux que ce qu’on prévoyait, ne s’est pas gêné pour se déhancher, notamment sur la très accrocheuse Wet Dream. Parions que nous reverrons Wet Leg bientôt.
CARIBOU

Dan Snaith avait un samedi pour le moins chargé. Le musicien devait offrir deux prestations en quelques heures à Osheaga, rien de moins. D’abord, en milieu d’après-midi, avec son projet solo de DJ Daphni. Et en fin de soirée, avec Caribou. C’est ce dernier qu’on est allé voir, à la scène de l’île. Les spectateurs qui ne s’intéressaient pas au rappeur Future, qui jouait au même moment sur l’une des grosses scènes, avaient convergé en grand nombre pour voir la prestation du musicien électronique canadien. Et Snaith n’a pas déçu, loin de là. Accompagné de plusieurs musiciens, il a livré une véritable leçon d’électro, enchaînant les titres rythmés qui ne donnaient aucun répit à la foule. La fête s’est emparée de cette petite portion de l’île Sainte-Hélène.
TURNSTILE

Nous avions apporté nos bouchons pour ce concert du groupe hardcore punk de Baltimore. Mais étrangement, le niveau de décibels à la scène de la Vallée était plutôt raisonnable, pour ne pas dire trop bas. Cela n’était toutefois rien pour entacher l’intensité avec laquelle les musiciens américains ont livré leurs pièces à la foule. Forts de leur récent album acclamé GLOW ON, qui mélange adroitement brûlots punk rock avec envolées mélodiques, ils ont tout détruit pour une performance de début de soirée. On y a même aperçu notre premier « moshpit » du week-end. Et comme si ce n’était pas assez, le bassiste du groupe, Franz Lyons, portait une casquette jaune fluo des Expos, alors que le chanteur Brendan Yates avait un t-shirt avec la mention « Thank you ». Comment ne pas les aimer ?
100 GECS

C’était de loin la proposition la plus intrigante de tout le week-end. Très populaire sur le web, le duo de Saint-Louis, au Missouri, fait de l’hyperpop, qui est de la musique complètement chaotique. Dylan Brady et Laura Les proposent une musique plutôt rébarbative de prime abord. Ça part dans tous les sens, c’est souvent agressant. Mais allez savoir, ils réussissent quand même à intégrer des mélodies accrocheuses dans tout ça. Oui, leur spectacle de samedi était un peu du n’importe quoi — ils ont fait « l’hymne national canadien » en frappant sur des morceaux de métal. Les spectateurs épileptiques n’ont pas dû non plus apprécier les nombreuses projections hyperactives. Mais leur concert en mode festival avait l’avantage d’être très divertissant.
MITSKI

Énorme vedette – malgré elle – de la plateforme TikTok, l'artiste américaine d'origine japonaise était de retour à Montréal à peine quatre mois après son concert au Théâtre Saint-Denis. Acclamée pour ses qualités d'autrice-compositrice, Mitski s'efforce aussi d'offrir des prestations les moins ennuyantes possible. Car si ses compositions, relativement tranquilles, se prêtent normalement peu au cadre assez festif d'un festival, la musicienne réussit à capter notre attention avec ses nombreuses chorégraphies et simagrées. Certes, elle en met parfois – souvent – trop, mais cela fait en sorte qu'on ne peut la quitter des yeux. Tout le long de la prestation, on se demande ce qu'elle fera avec la mystérieuse porte blanche placée à l'arrière de la scène. Mais elle quitte la scène sans avoir utilisé cet encombrant morceau de décor. Décidément, on n'a pas encore réussi à décoder pleinement tout l'univers de Mitski.
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