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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

OSCARS 2022

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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2022-03-28T09:00:00Z
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Cette année, je n’étais même pas sûr d’avoir envie de regarder les Oscars. Voir des vedettes multimillionnaires s’autocongratuler alors que l’Ukraine est à feu et à sang ? Les paillettes contre les mitraillettes ? Il y avait là quelque chose d’indécent. 

Et puis, j’étais fâchée contre l’Académie : Denis Villeneuve, même pas en nomination comme meilleur réalisateur... alors que Dune était en nomination à 10 reprises » ? Alana Haim, LA révélation de Licorice Pizza, même pas en nomination dans la catégorie de meilleure actrice, alors qu’elle est la nouvelle Barbra Streisand ?

Mais j’ai quand même suivi les Oscars... pour voir jusqu’où l’Académie serait prête à faire des compromis pour aller chercher un nouveau public.

GÉNÉRATION TIKTOK

Comme seulement 10 millions de personnes ont regardé l’édition de 2021 (une baisse de 60 % par rapport à 2020 qui avait connu les cotes les plus basses de l’histoire), c’était sûr que l’Académie allait mettre tout en œuvre pour séduire les jeunes et les wokes et tous les bien-pensants de la Terre.

Pourquoi cette (très mauvaise) idée de créer un « prix des fans », appelés à voter sur les réseaux sociaux ? Et pourquoi écarter les prix techniques, relégués à une cérémonie hors ondes, une gifle au visage des artisans ? 

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J’aurais dû faire un « bingo des Oscars » et j’aurais marqué des points chaque fois qu’on faisait référence aux mots à la mode : masculinité toxique, fragilité blanche, queer, colonialisme, racisme, sexisme, diversité, communauté, etc. 

Je m’attendais à une soirée woke, et ça a commencé dès le tapis rouge quand un artiste autochtone, Bird Runningwater, est venu déclarer que la cérémonie avait lieu sur les terres ancestrales des Tongva, des Tataviam et des Chumash. « Comme nous sommes là pour honorer les conteurs d’histoire, rendons hommage aux conteurs d’histoire originaux, les autochtones », a-t-il lancé. 

Amy Schumer a déclaré dans le numéro d’ouverture qu’elle représentait sur scène « les femmes blanches insupportables ». Bingo !

À 20 h 10, on a eu le droit à la phrase magique « masculinité toxique » à propos du film Power of the dog. Bingo !

Une chose est sûre. Pour faire oublier l’année #oscarssowhite on s’est assuré que 2022 serait l’année #oscarsvraimentpaswhite.

Quand la coanimatrice Regina Hall a fait monter sur scène des beaux gosses comme Bradley Cooper et Thimothée Chalamet pour faire son choix parmi les célibataires, j’ai ressenti un malaise. Puis quand elle s’est mise à tripoter deux autres hommes en s’approchant dangereusement de leurs bijoux de famille, j’ai ressenti un deuxième malaise. Pour dénoncer les mononcles aux mains baladeuses, on fait un numéro sur les matantes libidineuses ?

Mais la cérémonie a quand même compté quelques bons moments. Mon préféré ? Quand l’équipe de son de Dune a fait ses remerciements pour son trophée, on a entendu un retentissant « Merci Denis, du fond du cœur ». Le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, pourrait peut-être lui demander le numéro de son prof de français.

ÉCRAN NOIR ET NUIT BLANCHE 

Normalement, la cérémonie des Oscars devrait être une célébration du cinéma, de ses artisans, de ses talents. Un délice pour cinéphiles. 

Mais cette soirée est devenue une célébration de toutes les causes sociales de l’heure. Et n’a plus grande chose à voir avec la fête du septième art.

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