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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

COP26: des opportunités à saisir et des défis pour le Québec

Le premier ministre se rendra au sommet sur les changements climatiques

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, et le premier ministre François Legault se rendront au sommet de l’ONU sur les changements climatiques qui débutera bientôt en Écosse. On les voit ici lors du lancement du Plan pour une économie verte 2030, en novembre 2020, à Montréal.
Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, et le premier ministre François Legault se rendront au sommet de l’ONU sur les changements climatiques qui débutera bientôt en Écosse. On les voit ici lors du lancement du Plan pour une économie verte 2030, en novembre 2020, à Montréal. Photo d’archives, La Presse Canadienne
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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2021-10-30T04:00:00Z
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François Legault participera pour la toute première fois, cette semaine, au sommet de l’ONU sur les changements climatiques. Une occasion de vanter les énergies et technologies propres du Québec, malgré un bilan mitigé en matière environnementale. 

• À lire aussi: 3e lien: Legault ne veut pas d’étude environnementale fédérale

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Le chef caquiste a parcouru du chemin depuis l’époque où, sur les banquettes de l’opposition, il qualifiait Philippe Couillard de « géant vert » pour son refus d’explorer le potentiel pétrolier d’Anticosti. « C’est comme s’il avait peur de trouver du pétrole, peur que les Québécois fassent de l’argent », disait-il en 2016. 

Deux ans plus tard, son programme électoral était aussi largement silencieux sur les changements climatiques. 

Le premier ministre a donc causé la surprise quand il a annoncé la fin de l’exploitation des hydrocarbures au Québec, il y a deux semaines, à la veille de sa participation à la COP26.  

Cette volte-face, combinée à un plan de réduction des GES et à l’interdiction de vendre des voitures à essence neuves à compter de 2035, fait dire aux environnementalistes que le premier ministre se présentera en Écosse avec un meilleur bilan qu’anticipé. 

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« M. Legault a réussi à dépasser les attentes qu’il avait fixées lui-même, puisqu’elles étaient très basses », résume Émile Boisseau-Bouvier, analyste, politiques climatiques et transition écologique pour Équiterre. 

« Mais on ne voit pas, dans ses actions, qu’il a compris que 2050, c’est demain », ajoute-t-il au sujet de la date butoir fixée pour atteindre la carboneutralité.  

Épiphanie climatique

Chez Greenpeace, le responsable de la campagne Climat-Énergie, Patrick Bonin, espère que le premier ministre vivra une « épiphanie climatique » à Glasgow, comme celle qui aurait poussé Philippe Couillard à se retirer d’Anticosti en 2015. 

Les deux groupes écologistes affirment que le Québec doit en faire beaucoup plus pour contribuer à maintenir la hausse de la température moyenne mondiale sous le seuil du 1,5 °C. Ils fixent la cible de réduction des gaz à effet de serre à 65 % d’ici 2030, alors qu’elle est de 37,5 % actuellement. 

Titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau estime que sortir le Québec du pétrole était la partie « facile ». « Parce qu’on n’en a pas, de production de pétrole. [...] Ce qui est difficile, c’est de réduire la consommation », dit-il, en invitant le gouvernement à parler plutôt du « choc tarifaire » qui attend les citoyens en raison des tarifs sur le carbone. 

Stratégie de « relations publiques »

Son collègue à l’UQAC, Claude Villeneuve, voit pour sa part une stratégie de « relations publiques » dans la présence du premier ministre à la COP26. 

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« Il y a un enjeu de visibilité politique, envers la population du Québec, les autres gouvernements et les entreprises. C’est un peu comme aller au sommet économique de Davos », estime le directeur de la Chaire de recherche et d’intervention en écoconseil. 

François Legault déclarait d’ailleurs hier qu’il entend profiter de son passage en Écosse pour « rencontrer plusieurs représentants américains, soit de Washington, soit des grands États ou des grandes villes américaines » afin de plaider pour la construction de leurs futurs trains et tramways électriques à l’usine d’Alstom à La Pocatière.  

Mais Pierre-Olivier Pineau rappelle que la COP26 « n’est pas une foire commerciale ». Le premier ministre, dit-il, devrait plutôt en profiter pour s’inspirer « des bonnes idées que les pays ont mises en œuvre pour atteindre leurs objectifs ».  

C’est quoi la COP26?  

Le grand sommet de l’ONU sur les changements climatiques débutera la semaine prochaine à Glasgow, en Écosse. Les délégués de plus de 200 pays viendront y négocier les prochaines étapes afin d’éviter un réchauffement trop important de la planète. Petit guide. 

Ça sert à quoi? 

Il s’agit de la 26e Conférence des parties (COP26, selon l’acronyme anglais). Depuis 2015, l’événement sert particulièrement à faire le suivi sur l’Accord de Paris, qui a établi des cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES). 

Ah oui, l’Accord de Paris...

Les 195 pays signataires se sont engagés à réduire leurs émissions, afin de maintenir le réchauffement climatique sous les 2 degrés Celsius par rapport au niveau préindustriel, et même idéalement sous la barre du 1,5 degré Celsius. Les gouvernements se fixent des cibles volontaires de réduction, qui doivent devenir graduellement plus ambitieuses. 

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Les pays riches devaient également s’engager à verser 100 G$ pour aider les nations plus pauvres à faire face aux changements climatiques. 

Et ça fonctionne ? 

Plus ou moins. Déjà en 2015, les engagements des signataires de l’Accord de Paris étaient jugés insuffisants. En septembre, l’ONU a déclaré que les nouvelles cibles nationales annoncées permettraient de réduire les émissions de 12 % d’ici 2030 par rapport à 2010, alors qu’une diminution de 45 % serait nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius. 

Sur quoi porteront les discussions ? 

La rencontre sera l’occasion de faire un bilan après cinq ans, comme prévu par l’Accord de Paris, et de négocier des cibles encore plus ambitieuses.  

Qui participera ? 

Quelque 25 000 personnes devraient prendre part à l’événement, dont certains des plus importants dirigeants de la planète. 

Après avoir laissé planer le suspense, le président de la Chine, à la tête du plus important émetteur de GES de la planète, devrait participer par vidéoconférence. Son homologue russe, Vladimir Poutine, devrait briller par son absence. 

Et la COVID-19, dans tout ça ? 

La pandémie de COVID-19 a déjà retardé la tenue de la COP26, qui devait avoir lieu l’an dernier. Les organisateurs ont pris les grands moyens pour éviter que l’événement ne devienne un foyer d’infection mondial, en offrant gracieusement le vaccin aux délégués des pays où celui-ci n’est pas disponible. 

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