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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

«On vit énormément d’incertitude!»: les organismes d'aide alimentaire du Québec sonnent l'alarme

Un phénomène qui s'observe partout au Québec

Audrey Bernier, directrice marketing chez Moisson Montréal.
Audrey Bernier, directrice marketing chez Moisson Montréal. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Marianne Langlois

2025-05-27T04:00:00Z
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La guerre commerciale met énormément de pression sur les organismes d’aide alimentaire du Québec qui doivent payer plus cher les denrées à cause de l’inflation alors qu’ils reçoivent moins de dons et répondent à une plus forte demande.

«On vit énormément d’incertitude! L’impact de la guerre commerciale commence vraiment à se faire sentir dans la quantité d’aliments qui sont acheminés vers nous», affirme Audrey Bernier, directrice marketing chez Moisson Montréal.

Après l’imposition des fameux tarifs de Donald Trump en février dernier, les épiciers ont dû rapidement s’organiser pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitaient acheter local.

«Avec l’incertitude, les bannières d’épicerie sont occupées à s’adapter, à trouver de nouveaux fournisseurs et préfèrent commander en plus petites quantités. Comme on fonctionne seulement à partir de leurs dons, ça engendre une grande diminution des denrées», observe-t-elle.

Le même constat est fait à Moisson Mauricie/Centre-du-Québec où on surveille la situation de près puisqu’en plus d’affecter leurs activités, la guerre commerciale menacerait des emplois en région.

L'organisme Moisson Mauricie/Centre-du-Québec qui est touché par la guerre tarifaire et l'inflation, alors que les dons sont en diminution et que la demande augmente.
L'organisme Moisson Mauricie/Centre-du-Québec qui est touché par la guerre tarifaire et l'inflation, alors que les dons sont en diminution et que la demande augmente. PHOTO FOURNIE PAR Moisson Mauricie/Centre-du-Québec

«Évidemment qu’on fait le lien. Il y a même des employeurs qui contactent des organismes pour les avertir que certains de leurs employés pourraient avoir besoin d’aide alimentaire prochainement à cause de licenciements à venir», déplore Gaël Chantrel, directeur général de l’organisme.

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Hausse croissante

À Québec, La Bouchée généreuse assiste déjà à une explosion des demandes d’aide alimentaire, alors que l’inflation qui affecte le prix des aliments lui complique la vie.

«Les épiceries surveillent énormément les quantités commandées et s’assurent d’utiliser les aliments [notamment en cuisinant du prêt-à-manger] ce qui engendre moins de pertes. Les prix des aliments qu’on commande varient eux aussi. Un panier de courgettes peut coûter 18$ une semaine et 28$ la suivante», déplore Marie-Pier Gravel, qui y est directrice adjointe.

Depuis octobre, le nombre de familles qui reçoivent des paniers d’aide alimentaire est passé de 1000 à 1600 en l’espace de quelques mois.

Ann St Arnaud, directrice des communications, et Jorgen Ulloa, directeur des services d'urgence à Jeunesse au Soleil. L'organisme qui reçoit moins de dons alimentaires devra débourser 25% de plus pour des produits de base à ajouter à ses paniers d'aide alimentaire.
Ann St Arnaud, directrice des communications, et Jorgen Ulloa, directeur des services d'urgence à Jeunesse au Soleil. L'organisme qui reçoit moins de dons alimentaires devra débourser 25% de plus pour des produits de base à ajouter à ses paniers d'aide alimentaire. Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal

Pour Jeunesse au Soleil, l’inflation qui continue de grimper va affecter plus que jamais le prix des aliments qu’ils commandent pour bonifier les paniers alimentaires offerts.

«L’entente avec nos fournisseurs arrive à échéance. Il y a une grosse pression! On prévoit déjà une augmentation de 25% sur des produits essentiels comme le lait, le riz, les œufs», ajoute Ann St Arnaud, directrice des communications.

L’organisme associe la diminution des denrées qu’il reçoit à plusieurs facteurs, notamment les centres de liquidation qui gagnent en popularité auprès de la population.

«C’est super, ça permet aux gens d’économiser, mais c’est certain qu’on doit compenser pour ces aliments qui se retrouvaient habituellement sur nos tablettes», ajoute-t-elle.

À Victoriaville, c’est plutôt l’engouement pour les applications qui permettent au consommateurs de se procurer des produits alimentaires sur le point d’expirer qui est pointé du doigt.

Des paniers alimentaires préparés par le personnel de l'organisme situé au Centre-du-Québec, qui nourrit plus de 500 personnes chaque semaine.
Des paniers alimentaires préparés par le personnel de l'organisme situé au Centre-du-Québec, qui nourrit plus de 500 personnes chaque semaine. PHOTO FOURNIE PAR Sécurité alimentaire Victoriaville

«Depuis un certain temps, les grandes bannières font beaucoup affaire avec des applications comme Food Hero ou Too Good To Go. Ça leur permet de vendre au rabais des produits qu’ils nous donnent habituellement», conclut Michel Patry, directeur de l’organisme Sécurité alimentaire Victoriaville.

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