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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

On se relève à Québec, cher Albert!

Il y a dix ans, notre collègue Albert Ladouceur perdait son combat contre le cancer

Photo d'archives, Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Jean-Nicolas Blanchet

Jean-Nicolas Blanchet

2025-05-23T18:30:00Z
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Il y a 10 ans, notre collègue Albert Ladouceur perdait un combat de près de deux ans contre l’impitoyable cancer du pancréas. On s’ennuie tellement de lui. Il a été un modèle et un mentor chez nous. Il a créé un énorme vide. Il aurait 73 ans et serait encore inarrêtable. J’ai décidé de lui écrire une petite mise à jour sur la situation à Québec, depuis son départ.

Salut Albert!

Je voulais te donner des nouvelles de ta ville, dont tu te souciais tant et que tu défendais tant. Je t’écris ça la même journée qu’on publie un dossier sur les 30 ans du départ des Nordiques. C’est un hasard bizarre. Mais, c’est Cado qui a écrit ça, c’est du bonbon!

• À lire aussi: Non, Albert, ta chronique n’était pas bidon

Bref, ça n’a pas été de tout repos depuis que tu es parti. Notre cœur a été brisé un an après ta mort, quand la LNH a donné un club à Vegas.

Tu étais sceptique concernant ce marché. Mais ça n’a pas viré du tout comme en Arizona. La foule est en délire sur la «Strip» pour le hockey. Tu trouverais ça niaiseux toi aussi, je crois, les petits spectacles de chevaliers avant les matchs. Mais ça marche fort. Tellement que la NFL a aussi déménagé là. Et le baseball majeur y sera bientôt.

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Les Coyotes, ç’a mal viré en Arizona. Mais on a compris que ça ne servait à rien de s’exciter à Québec. Gary Bettman s’est amouraché d’un jeune et riche génie de l’informatique de l’Utah, qui a reçu le club.

Quelques jours avant ta mort, tu continuais d’écrire. Cinq jours avant de partir, tu te moquais des Leafs qui essayaient de perdre afin de repêcher Connor McDavid la même année. Tu ne me croiras pas, mais Toronto n’a encore rien gagné depuis.

Un peu avant, tu écrivais qu’il fallait démolir le vieux Colisée. Hé, Albert, il est encore debout! Il sert maintenant de merveilleux refuge à rats.

Ce dont je me souviens le plus, c’est cette chronique que tu avais écrite en février 2015.

Photo d'archives
Photo d'archives

À Québec, on construisait le Centre Vidéotron. À Vegas, ils construisaient le T-Mobile Arena.

À l’époque, les pisse-vinaigre se faisaient déjà aller la gueule ou le clavier sur les réseaux sociaux. Le retour des Nordiques était loin d’être garanti et ce qui se passait à Vegas réduisait encore plus les chances.

Tu écrivais alors qu’un pourcentage élevé de citoyens se comportaient en petits chiens effarouchés qui baissent la tête dès qu’une plus grosse bête entre dans le chenil.

Des gens écrivaient que l’amphithéâtre allait devenir un éléphant blanc. Qu’on était trop pauvre pour s’acheter des billets de spectacles. Je m’en souviens, je lisais ça et je me demandais si le monde était au courant qu’on avait l’eau courante et l’électricité à Québec.

Et comme tu l’écrivais, on découvrait souvent que les gens derrière ces commentaires étaient des internautes anonymes qui avaient une photo de P.K. Subban comme avatar.

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Photo d'archives
Photo d'archives

Ton point, ce n’était pas de garder ou de perdre espoir. C’était plutôt de nous botter le derrière et nous encourager, à Québec, à cesser de nous sentir inférieurs. À ne pas douter de ce qu’on peut accomplir.

Pour ça, Albert, je trouve qu’on a changé.

On a oublié les Nordiques. On y repensera quand ce sera très sérieux.

On a fermé le clapet à tous ceux qui pensaient que l’amphithéâtre allait être un éléphant blanc. C’est le quatrième aréna le plus achalandé au pays. C’est occupé plus de 100 jours par année. C’est plus de 800 000 billets vendus par année. On accueille des spectacles fabuleux.

Photo d'archives, Didier Debusschère
Photo d'archives, Didier Debusschère

J’aime croire qu’on est devenu la plus belle ville de baseball qui n’a pas d’équipe du baseball majeur en Amérique du Nord.

Les fans de sport répondent présents à tous les évènements sportifs. Les Jeux du Canada s’en viennent.

Le Festival d’été, c’est encore complètement fou.

Notre économie est solide. Notre PIB par habitant a monté plus vite que la moyenne canadienne.

On n’est plus amer ou défaitiste. On est bien content et fier de ce qu’on fait. Ce n’est pas qu’on se contente de peu. Ce n’est pas «peu», ce qu’on réussit à faire. Et si quelque chose de plus gros s’en venait un jour, tant mieux. Sinon, on a bien du fun à Québec.

Bye, Albert, j’aimerais que tu aies du fun avec nous.

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