Tarifs de Trump: on risque d’y goûter, mais ça reste confus
Le président Trump et son entourage ont multiplié les menaces tarifaires sans y donner suite hier


Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | La guerre commerciale qui pointe à l’horizon avec les États-Unis a pris la forme d’une guerre des nerfs, cette semaine, entre Donald Trump et le Canada, et qui a culminé avec un point de presse des plus confus du président, hier.
Son entourage, sa porte-parole et Trump lui-même ne semblent pas s’entendre sur la marche à suivre ni l’objectif des tarifs.
Est-ce que cette confusion vise à déstabiliser ? Est-elle le fruit d’une administration sans direction claire ? Est-ce que cela l’amuse, tout simplement, de bousculer ses alliés et le monde entier ?
Inévitable
Si on en croit la porte-parole de la Maison-Blanche, les détails des tarifs seront connus au cours de la fin de semaine, mais Ottawa attendait toujours une confirmation, hier soir.
Karoline Leavitt s’est même permis une pointe envers Justin Trudeau, qui ferait mieux d’appeler Trump au lieu de le menacer de représailles tarifaires devant les journalistes, a-t-elle laissé entendre.
Et selon Donald Trump, ces tarifs sont inévitables, le Canada ne peut rien y faire. La guerre commerciale arrivera, reste à savoir quelle forme elle prendra.
Le prétexte de la sécurité à la frontière ne semble plus tenir, alors qu’un de ses conseillers affirmait le contraire il y a quelques jours.
Dans le Bureau ovale hier, avant de prendre la direction de Mar-a-Lago, Donald Trump a donné quelques indices des produits canadiens qui seront ciblés. Il a aussi menacé le Mexique, la Chine et même l’Union européenne de tarifs, dans ce point de presse échevelé.
Une nouveauté se dégage : notre pétrole et notre gaz naturel pourraient être touchés par des tarifs de 10 % vers la mi-février.
La mesure fera assurément grimper le prix de l’essence aux États-Unis et provoquera d’énormes pertes de revenus ici.
L’acier, l’aluminium, les semi-conducteurs et le cuivre sont aussi dans son viseur. C’est donc dire que le Québec se retrouve sur la ligne de front.
Pour l’instant, Ottawa reste sur le pied de guerre, en attendant du « concret ».
« Comme vous, nous avons entendu les différents commentaires du président Trump concernant les tarifs et à ce jour nous n’avons toujours aucune information, aucune décision formelle qui aurait été prise par la Maison-Blanche avec aucun détail spécifique au niveau des tarifs », a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, hier soir.
Ça a le mérite d’être clair, contrairement aux menaces de Trump et de son entourage qui nous tiennent en haleine depuis des semaines.
Des perdants
Le mur de tarifs que Trump veut élever autour des États-Unis fait craindre les marchés et de nombreuses industries au sud de la frontière.
Son conseiller aux tarifs Peter Navarro a d’ailleurs tenu à nuancer, en rappelant que la Maison-Blanche se donne jusqu’au 1er avril pour examiner la question des tarifs.
Sur papier, son administration pense donc avoir besoin de temps pour bien évaluer quel genre de mur tarifaire il compte mettre en place.
Cela pourrait changer dans les prochaines heures, mais d’ici au 1er avril, il faut s’attendre à ce que les menaces continuent de pleuvoir, car c’est le seul langage que Trump connaît.
Y aura-t-il des tarifs dès aujourd’hui ? On verra, comme dirait l’autre.