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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

On oublie que l'Histoire peut être tragique

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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2022-03-01T10:00:00Z
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S’il y a une chose que la guerre entre l’Ukraine et la Russie nous a apprise, c’est à quel point nous vivons en vase clos, au Canada. 

Sous une cloche de verre, protégés de la barbarie de l’Histoire.

LES FANTÔMES DE LA GUERRE

En Europe, la guerre est présente dans la vie des gens.

À Paris, par exemple, pas moyen de faire cent pas sans tomber sur une plaque indiquant qu’à cet endroit, des Juifs ont été arrêtés ou des résistants ont été fusillés. On voit d’ailleurs encore des traces de balles et d’obus sur les murs. 

En Europe, tout le monde a un papi ou une mamie qui a connu la guerre. On peut prendre ses vacances à l’ombre des bunkers en Normandie, visiter les anciens camps d’Auschwitz et de Birkenau en Pologne ou voir des bas-reliefs de Mussolini sur plusieurs bâtiments à Rome. 

Et lorsque la guerre civile a mis le feu à l’ex-Yougoslavie en 1992, faisant plus de 130 000 morts, c’était littéralement dans la cour arrière des Français, à trois heures de vol de Paris. 

Bref, là-bas, les gens vivent avec les fantômes des guerres qui ont ravagé le continent.    

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ON VERSE DE L’ENCRE

Alors qu’ici, au Canada et au Québec, la guerre, c’est abstrait. 

Ça ne fait pas partie de nos vies ou de notre mémoire. 

Ici, le gouvernement demande aux gens de porter un masque lorsqu’ils traversent un resto, et on crie à la dictature !

Pour vous dire à quel point nous sommes déconnectés...

On publie un texte sur l’état des routes à Montréal, et on écrit, en bas des photos de nids-de-poule : « C’est comme à Beyrouth ! »

Sophie et Richard ne sont pas bons aux fourneaux, mais ils savent cuisiner leurs invités! Invitez-vous à la table de Devine qui vient souper? une série balado originale.

À force de vivre dans un petit cocon douillet, on a fini par oublier que dans le long déroulement de l’Histoire de l’humanité, la guerre ne fut pas l’exception, mais la règle !

Les êtres humains ont vécu plus longtemps en guerre qu’en paix. 

On a oublié la barbarie de l’Histoire, le tragique de l’Histoire. 

Ici, les révolutions sont tranquilles, et la « nuit des longs couteaux » s’est déroulée pacifiquement, dans la cuisine climatisée d’un centre de conférences à Ottawa. 

Aucune goutte de sang ne fut versée.

Que du café, peut-être du vin, et beaucoup d’encre.   

  • Écoutez l'édito de Richard Martineau diffusé chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :   

UNE BELLE TABLE DE CONCERTATION

Alors lorsqu’on lit que la guerre a éclaté en Europe, on tombe des nues. 

Hein ? La guerre ? Avec des tanks et des missiles ?

Ça nous paraît surréel. 

On croit, ici, qu’il suffit de mettre sur pied une « table de concertation » ou une « commission tripartite » pour résoudre n’importe quel conflit. 

Je le dis toujours : si un pays ennemi décidait de nous envahir, la guerre durerait 10 minutes, maximum. 

Il suffirait que l’armée étrangère ferme les Costco pour que tout le monde se rende. 

« Venez arrêter mes voisins, mais de grâce, laissez-moi acheter un 45 gallons de sauce tabasco !!!! »

Nous avons perdu l’habitude de nous battre. 

On n’a même pas le courage de revendiquer d’être servis dans notre langue dans les commerces !

C’est trop confrontant, on n’aime pas la chicane...

Pas étonnant que nous soyons en admiration devant le courage extraordinaire des Ukrainiens !

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