«On ne s’attend jamais à ce genre de chose là»: Michel Jean nommé Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de la République française


Sarah-Émilie Nault
L’écrivain québécois d’origine innue Michel Jean a appris qu’il avait été nommé Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de la République française... par la poste!
Tout juste rentré d’un séjour de trois mois en Europe, où il a multiplié les entrevues, festivals, salons et rencontres littéraires en France, en Italie et en Allemagne, Michel Jean a découvert une belle surprise dans sa pile de courrier.
Dans une grande enveloppe se trouvait une lettre mentionnant qu’il était nommé Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de la République française.
«Je l’ai appris en lisant la lettre, qui était datée de 2024 [rires]! Il semble que le gouvernement canadien devait approuver le tout, ce qui, visiblement, a pris du temps. C’est quand même prestigieux. Je ne m’attendais pas à cela. Je suis surpris et flatté», explique l’écrivain et journaliste.
Ce prix récompense les personnes qui se sont distinguées pour leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou pour la contribution qu’elles ont apportée au domaine des arts et des lettres en France et dans le monde.
Le document est signé de la main de la ministre de la Culture en France, Rachida Dati.
La remise de la médaille devrait se faire au consulat de France plus tard cette année.

Fierté pour les Premières Nations
«On écrit toujours seul dans son coin, dans sa tête, donc quand ça arrive, ça surprend toujours. Surtout que cela vient de France, je trouve cela gros quand même. Je suis content. Je suis un peu stupéfait. On ne s’attend jamais à ce genre de chose là», dit l’auteur, qui a vendu 70 000 copies de son roman Kukum en France et plus de 300 000 à travers le monde.
Michel Jean confirme avoir vu un changement s’opérer au fil du temps auprès de ses lecteurs français. Leur curiosité initiale a fait place à la composition d’un lectorat de fidèles qui attendent désormais la sortie de ses prochains livres. «Tu te gosses une place tranquillement, avec le temps», souffle-t-il.
«Je le prends aussi comme une reconnaissance de la place et de l’importance de la littérature des Premières Nations et des Inuits là-bas. Parce que la France a quand même joué un rôle pour moi», ajoute l’auteur en soulignant que ses romans ont remporté beaucoup plus de prix littéraires en France et en Europe qu’au Québec.
Kukum a notamment été finaliste au Dublin Literary Award, qui est le deuxième prix en importance dans le milieu anglophone, après le prix Booker.
«Pour moi, c’est comme un gros encouragement, une poignée de main qu’on te donne. Mais ultimement, ce sont les lecteurs qui décident s’ils aiment mes livres ou pas, et c’est pour eux que j’écris d’abord. Pour qu’ils passent un bon moment, apprennent des choses, vivent et ressentent des émotions en lisant mes livres», dit l’écrivain, qui est issu de la communauté de Mashteuiatsh, au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Pour l’ancien chef d’antenne, qui se décrit comme une personne plutôt réservée, ce genre de prix l’aide également à se rendre compte que ce qu’il écrit touche des gens «et parfois sur une plus grande échelle que tu penses».
«Ça fait du bien au cœur», affirme l’auteur, qui œuvre actuellement à la révision de son prochain roman, qui sortira à l’automne.
Michel Jean confirme aussi que la série tirée de son roman Kukum avance très bien, tout comme le travail sur le scénario du film basé sur son livre Qimmik.