«Les impôts sont payés», assure Mark Carney, qui défend son recours aux paradis fiscaux lorsqu’il était à la tête de Brookfield Asset Management

Jean-Philippe Guilbault
Le chef libéral et premier ministre sortant, Mark Carney, était sur la défensive mercredi et a dû expliquer son recours aux paradis fiscaux, lorsqu’il était à la tête de deux fonds d’investissement privés verts.
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Radio-Canada rapportait en matinée que deux fonds coprésidés par M. Carney pour la firme Brookfield Asset Management étaient enregistrés aux Bermudes, un paradis fiscal.
Talonné par les journalistes lors d’une annonce à Windsor, le chef libéral a assuré que «les impôts ont été payés par les individus».
«Je comprends comment le monde fonctionne, comment ces structures fonctionnent et j’ai l’habileté de mettre en place les règles nécessaires pour m’assurer que toutes les taxes sont payées ici par les individus [cotisant à ces fonds]», a-t-il répondu lors d’un point de presse.

Une «grande hypocrisie», selon le chef conservateur, Pierre Poilievre, qui n’a pas manqué d’écorcher son rival, alors qu’il débute une tournée dans la région de Québec.
«Comme conseiller économique de Justin Trudeau, il a favorisé des grosses augmentations de taxes et d’impôt sur les Canadiens. Des augmentations qu’il ne voulait pas lui-même payer, a pesté M. Poilievre. Et c’est pour ça qu’il a caché ses actifs dans un paradis fiscal.»
M. Carney était président du conseil d’administration de Brookfield Asset Management jusqu’en janvier dernier avant de se lancer dans la course à la chefferie du Parti libéral du Canada (PLC).
De son côté, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, voit dans ces révélations «une preuve de plus» que Mark Carney «est là pour défendre les intérêts des ultrariches».
«C’est justement la saison des impôts, et les Canadiens ne peuvent pas s’incorporer aux Bermudes pour sauver de l’impôt», a-t-il ironisé.
Combien vaut Mark Carney?
La gestion de ces fonds par M. Carney a aussi ramené à l’avant-plan une demande que le Bloc Québécois répète depuis son élection à la tête du PLC, soit qu’il divulgue complètement ses intérêts économiques, ses avoirs et ses actifs financiers.
«On ne connaît pas la hauteur de ses intérêts personnels à l’intérieur de ces fonds d’investissement, a souligné le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, lors d’une conférence de presse dans la région de Montréal. Il ne semble pas – et je veux les détails – payer légitimement au Canada les impôts qu’il devrait y payer, pendant que les familles et les jeunes ménages du Québec se demandent comment ils vont payer leurs propres impôts.»

Bloomberg rapportait la semaine dernière que Mark Carney détient des parts équivalentes à près de 7 M$ US dans l’entreprise Brookfield Asset Management.
Pierre Poilievre affirme pour sa part ne rien cacher. Il soutient que ses avoirs financiers seront dévoilés par le commissaire à l’éthique et invite son rival libéral à faire la même chose.
«Je n’ai pas peur que les gens sachent ce que j’ai dans mon portefeuille», se targue M. Poilievre, qui affirme même qu’il a, devant les menaces tarifaires de Donald Trump, vendu ses investissements à l’étranger pour plutôt investir dans «des actions et des entreprises canadiennes».
Dès son élection à la tête du PLC, M. Carney a quant à lui annoncé qu’il a cédé ses actifs à une fiducie sans droit de regard.
–Avec la collaboration de Raphaël Pirro
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