On ne recycle pas assez et les dépotoirs sont sur le point de déborder
Résultat du dernier bilan de RECYC-QUÉBEC

Zoé Arcand
Le Québec n’a pas atteint son objectif de réduction des déchets alors que le plus gros dépotoir de la province atteindra sa pleine capacité en 2027 et que les autres déborderont rapidement à leur tour, selon RECYC-QUÉBEC.
«On s’inquiète», a avoué Francis Vermette, vice-président aux opérations et développement de la société d’État, lors de la présentation lundi du bilan des matières résiduelles 2023.

Dans deux ans, le dépotoir de Lachenaie atteindra sa pleine capacité, a-t-il rappelé.
Malgré une réduction (5%) de ce qui est envoyé au dépotoir ou à l’incinérateur par rapport à 2019, le Québec n’a pas atteint l’objectif fixé pour l’année 2023 qui était de réduire ces déchets à 525 kg par habitant. C’est plutôt 685 kg de matières résiduelles par personne qui n’ont pas été recyclés. RECYC-QUÉBEC souligne que certaines matières ne peuvent tout simplement pas l'être.
«Il faut réduire à la source la production de matières résiduelles, augmenter la récupération et accélérer tout ce qui est valorisation», a martelé M. Vermette.
Et ce n’est pas qu’aux individus de faire mieux. C’est aussi aux industries, aux commerces, aux institutions, et au secteur de la construction, a insisté le vice-président.
Voici ce qui ressort du bilan:
Du recyclage aux poubelles
De tout ce qui est envoyé au dépotoir ou à l’incinérateur, 29% est du papier, du carton, du plastique, du verre ou du métal qui peut être recyclé
«L’option de trier la matière résiduelle existe un peu partout, le problème est probablement au niveau du comportement», croit le vice-président de RECYC-QUÉBEC.

Le problème est particulièrement frappant au niveau du métal puisque puisque l’on a observé une hausse de 69,9% des quantités de métal entre 2019 et 2023.
«On se l’explique assez mal», a admis M. Vermette, qui assure chercher des réponses.
La faute à la «fast fashion»...
En 2023, 344 000 tonnes de textiles ont fini au dépotoir ou à l’incinérateur. C’est «plus du double» qu’en 2011, s’est attristé Francis Vermette.
«La fast fashion et l’ultra fast fashion» sont responsables de cette hausse, a suspecté Francis Vermette.

Au Québec, «il n’y a pas de réglementation pour obliger la fabrication de produits durables. Donc on va miser sur des stratégies pour pousser les gens à acheter de meilleure qualité», a-t-il indiqué.
... et au milieu de la construction
Les résidus provenant de ce secteur représentent plus du quart des matières envoyées aux poubelles en 2023. Et c’est sans compter ceux qui sont rejetés par les centres de tri.

«Il va falloir faire mieux à ce niveau-là», insiste-t-il.
Bien qu’on envoie moins de tonnes de ces résidus au dépotoir ou à l’incinérateur qu’en 2019, on y en envoie plus qu’en 2011.
Les Québécois savent composter
On peut se réjouir des performances du Québec en matière de compostage. Car l’objectif fixé par Québec en ce qui concerne le recyclage des matières organiques n’a pas seulement été atteint, il a été dépassé de 4%.

Ce sont 64% des matières organiques qui ont été recyclés en 2023, soit 24% de plus qu’en 2021.
Des données de 2023
Pourquoi Québec n’a pas les données de 2024? Contrairement aux centres d’enfouissement et d’incinération, qui sont obligés de remettre leurs bilans annuels respectifs, l’industrie du recyclage répond à RECYC-QUÉBEC «sur une base volontaire», a déploré M. Vermette.

L’organisme prend donc du temps à «courir après» les centres de tri, papetières, centres de recyclages, écocentres et friperies de la province pour obtenir des informations, s'est-il impatienté.
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