«On ne peut pas faire confiance à tout le monde»: des couvreurs occupés à réparer les erreurs de compagnies malhonnêtes

Félix Desjardins
Affectés par le contexte économique, bon nombre de Québécois ont eu recours aux services de compagnies de toiture offrant des tarifs un peu trop avantageux... et ils écopent aujourd’hui.
À l’instar des autres secteurs de l’industrie de la construction, celui de la toiture a été affligé par des hausses de prix assez vertigineuses. Le propriétaire de Toiture MR, Manuel Racicot, estime que la facture d’une toiture en bardeau d’asphalte pour un bungalow moyen est passée de 4200$ à 6500$. Pour une membrane élastomère, choix le plus populaire pour les toits plats, le prix est passé d’environ 12 000$ à 18 000$ pour le duplex moyen.

Même si cette pilule peut être difficile à avaler, il conseille de se méfier des compagnies qui offrent des tarifs trop avantageux. Très souvent, précise-t-il, son entreprise est appelée à réparer les pots cassés.
«On visite souvent des clients qui avaient eu recours à des couvreurs qui chargeaient beaucoup moins cher, mais qui avaient disparu après avoir bâclé la job, soutient-il. On voit beaucoup de problèmes de ventilation et d’isolation.»
Pour éviter les mauvaises surprises, il est conseillé d’enquêter sur l’historique d’une entreprise avant de lui confier cette tâche névralgique.

«Il faut demander à la compagnie quelle est son ancienneté et si elle a des références», soutient Isabelle Audy, experte-conseil en rénovation pour RénoAssistance. Un entrepreneur en toiture peut faire affaire une année avec un nom, frauder plusieurs personnes, changer de nom, et repartir.
«On ne peut pas faire confiance à tout le monde.»
Une main-d’œuvre dispendieuse
Selon Manuel Racicot, l’industrie a subi d’importantes transformations au cours des dernières années, lesquelles ont eu un impact considérable sur le portefeuille des propriétaires.
«Pendant la pandémie, les gens demandaient surtout des réparations, explique-t-il. On a un peu manqué d’ouvrage. Certaines compagnies ont beaucoup baissé leurs prix pour faire travailler leurs employés, mais les salaires sont devenus démesurés.»
Un constat partagé par le président de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, Richard Darveau, qui insiste sur le fait que le prix des matériaux n’est pas en cause dans la hausse des prix.

«La main-d’œuvre est bien plus chère depuis la COVID, constate-t-il. Dépendant du matériau choisi pour sa toiture, la main-d’œuvre peut représenter plus de 50% du prix des travaux.»
L’environnement au second plan
Les possibilités sont multiples lorsque vient le temps de choisir un type de toiture. L’élan des options plus écoresponsables et durables, comme l’acier ou les pneus usagés, a été freiné par le contexte économique.
C’est plutôt l’indélogeable bardeau d’asphalte, polluant mais abordable, qui domine la compétition pour les toits en pente.
«Il est premier sur le podium, bien devant la deuxième et la troisième place, ajoute M. Darveau. C’est un rare matériau qui n’a pas grimpé en flèche, et l’installation est à la portée de tous les couvreurs et des “do-it-yourselfers”.»
«Je ne sais pas si c’est l’effet Donald Trump, mais les gens sont aussi beaucoup plus soucieux de leur portefeuille que de l’écologie.»
Par ailleurs, dans un contexte de conflit tarifaire, l’achat local est un choix tout à fait logique. «Tous les produits de toiture sont disponibles dans le Made in Canada. On a plein de producteurs au Québec et en Ontario.»