«On m’a enlevé ma vie»: un Québécois libéré après 40 ans pour un crime qu’il n’a pas commis

Un Québécois qui a passé les 40 dernières années derrière les barreaux pour un crime qu’il n’avait pas commis a finalement été libéré en novembre dernier. Il réclame désormais des millions de dollars en compensation.

«On m’a enlevé ma vie, j’ai tout perdu», a déclaré Claude Paquin, en entrevue avec TVA Nouvelles.

C'est un cauchemar qu’a vécu ce Québécois accusé du meurtre d’un couple en 1983. Il avait 40 ans à l’époque.

«Ils m’ont dit: si tu refuses de témoigner avec Bernard Provençal, le délateur, tu t’en vas pour 25 ans. Moi, j’ai pris ça avec un grain de sel. Je me suis dit: ils veulent me faire peur ou quelque chose de même. Ils veulent un délateur», a-t-il raconté.

Il sera finalement condamné le 24 juin 1983.

«On parle évidemment de la plus longue privation injustifiée de liberté qui est documentée dans l’histoire du Québec», a affirmé M^e Sebastian L. Pyzik, l’avocat de M. Paquin.

L’octogénaire a été privé de sa liberté durant 41 ans, soit la moitié de sa vie.

«J’ai toujours clamé mon innocence, a-t-il soufflé. Je leur disais la vérité. On m’a enlevé toute ma liberté. [On m’a enlevé] mon fils et ma mère, qui est décédée sans savoir que j’avais été acquitté...»

Claude Paquin a vécu 18 années d’incarcération, puis 23 années sous liberté conditionnelle sévère. «Comme un animal, tu le tiens au bout de la laisse, a-t-il illustré. C’est une vie d’enfer.»

Après avoir épuisé plusieurs recours, l’équipe du projet Innocence Québec a accepté de prendre en charge son dossier. Il a finalement été acquitté en novembre dernier.

«Je me suis battu pour dire que je n’ai vraiment pas commis ces homicides-là. Ça a été difficile», a-t-il ajouté.

À 82 ans, Claude Paquin doit réapprendre à vivre en homme libre. «Je recommence une nouvelle vie», a-t-il souligné.

Le 2 mai dernier, une poursuite de 64 millions $ en dommages-intérêts a été intentée contre le Directeur des poursuites criminelles et pénales, la Sûreté du Québec et le Service de police de la Ville de Montréal.

«Je demande des excuses et une réparation pour ce qu’on m’a fait. Je ne veux pas que d’autres personnes vivent la même chose que j’ai vécue moi-même», a déclaré Claude Paquin.

Les avocats de M. Paquin ont déposé une requête, lundi dernier. Elle vise à réduire les délais devant la Cour afin que le procès ait lieu le plus rapidement possible.

Voyez le reportage complet d’Elizabeth Laplante dans la vidéo ci-dessus.