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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

«On est prêts à le faire»: au tour des restaurants de boycotter les produits américains

Certains passeront la semaine à trouver des alternatives provenant d’ici ou d’ailleurs

Alain Ejeil et son épouse Joyce Takla, copropriétaires du Bidon Taverne Culinaire, font le ménage cette semaine, notamment dans leurs bouteilles d’alcool, pour ne plus inclure de produits américains.
Alain Ejeil et son épouse Joyce Takla, copropriétaires du Bidon Taverne Culinaire, font le ménage cette semaine, notamment dans leurs bouteilles d’alcool, pour ne plus inclure de produits américains. Photo PIERRE-PAUL POULIN
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Photo portrait de Olivier Faucher

Olivier Faucher

2025-02-04T00:00:00Z
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Des restaurateurs québécois mettent tout en œuvre pour retirer les produits américains de leur menu, une tâche ardue qui pourrait toutefois faire grimper la facture des clients.

«C’est un geste assez dramatique pour nous, mais on est prêts à le faire», explique Alain Ejeil, copropriétaire du Bidon Taverne Culinaire, qui compte deux établissements sur la Rive-Sud.

Son équipe est en train de consacrer une semaine entière à remplacer chaque bouteille d’alcool, légume et viande provenant des États-Unis sur son menu afin de protester contre les tarifs douaniers imposés par le président Donald Trump.

Bidon ne fait pas cavalier seul, car Jacques Gaspo, propriétaire des restaurants Jack Flat BBQ et Sergiolino, a demandé qu’on y apporte les mêmes changements.

«C’est très insultant. C’est comme si mon voisin venait de décider de bâtir un mur entre lui et moi», déplore-t-il à propos de la décision de l’administration Trump.

Sergio Mattoscio, chef du restaurant Sergiolino à Laval, et son propriétaire, Jacques Gaspo.
Sergio Mattoscio, chef du restaurant Sergiolino à Laval, et son propriétaire, Jacques Gaspo. Photo fournie par JACQUES GASPO

Il faut dire que les tarifs de 25% sur les produits américains imposés en riposte par le gouvernement Trudeau incitent d’autant plus les restaurateurs à les retirer. Jacques Gaspo et Alain Ejeil n’ont toutefois pas attendu de voir l’impact de ces taxes et disent surtout agir par solidarité avec les Canadiens.

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Malgré le sursis d'un mois sur ces tarifs annoncé lundi en fin de journée, ils ont l'intention de poursuivre leur boycottage jusqu'à ce que la menace cesse définitivement.

À la recherche d’alternatives

Chez Bidon, environ une bouteille sur cinq et un tiers de la nourriture sont actuellement importés de chez nos voisins du Sud.

Photo PIERRE-PAUL POULIN
Photo PIERRE-PAUL POULIN

«C’est plus dur pour les fruits et légumes, mais on est en train de regarder si les fermes et les serres du secteur peuvent nous accommoder», dit-il.

De son côté, Jacques Gaspo fait savoir qu’ironiquement, il venait tout juste de terminer la refonte de sa carte de vins, qui comptait de nombreuses bouteilles de la Californie.

«J’ai été très ferme hier: il faut toutes les écouler. S’il faut les mettre à 50% de rabais, on va le faire.»

Le plus gros défi pour lui sera de remplacer les tomates en conserve importées de la Californie, qu’il commandait depuis longtemps.

«C’est là-dessus qu’on travaille cette semaine. On va faire venir des produits et faire des tests», dit-il.

Hausses de prix à prévoir

Or, trouver des produits à prix équivalent ou moins chers relève parfois de l’impossible, ce qui fait miroiter des hausses de coûts, explique M. Gaspo.

S’il fait tout pour en absorber une partie, il se peut fort bien que cela se reflète sur l’addition, ce qui l’inquiète, étant donné que les consommateurs ont déjà fait face à d’importances hausses des prix au restaurant au cours des dernières années.

Alain Ejeil soutient de son côté qu’il «essaie vraiment» de garder tous ses prix tels quels.

L’Association Restauration Québec (ARQ), pour sa part, n’encourage pas ses membres à boycotter, car il serait trop difficile de remplacer tous les produits américains.

«Les pommes de laitue, il en existe sur le marché local, mais si on veut fournir le secteur de la restauration au complet, il n’en restera plus au détail», explique Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales.

L’ARQ craint surtout que l’industrie se retrouve éventuellement «prise en sandwich» entre des hausses de coûts engendrées par les tarifs et des consommateurs qui réduisent leurs dépenses en raison d’une récession.

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