«On est fâchés»: des institutions montréalaises s’opposent au retrait du stationnement sur la rue Saint-Urbain
Des commerçants rencontrés par «Le Journal» disent ne pas avoir été consultés pour ce réaménagement


Olivier Faucher
Des institutions montréalaises se lèvent contre un projet de piste cyclable et de voie réservée qui prévoit retirer 450 places de stationnement sur une importante rue menant vers le centre-ville.
«Je n’en reviens pas qu’ils fassent ça. Ils (la Ville) sont venus ici et m’ont dit: “Madame, ça va améliorer la qualité de vie de tout le monde.” Ils étaient confus que je leur dise que je n’étais pas d’accord», raconte Elana Sckolnick.
Sa famille a ouvert en 1942 Beautys au coin de la rue Saint-Urbain et de l’avenue du Mont-Royal et l’exploite toujours aujourd’hui. L’établissement est si emblématique qu’une murale montrant ses deux fondateurs a été peinte sur sa façade.
Mme Sckolnick s’oppose au projet, dévoilé la semaine dernière par la Ville de Montréal, de retirer près de 450 places de stationnement sur le côté ouest de rue Saint-Urbain pour y sécuriser sa piste cyclable et y ajouter une voie réservée pour les autobus.

Les travaux doivent commencer en juin prochain sur le tronçon entre l’avenue Bernard et la rue Milton. En 2027, le projet s’étendra de la rue Jean-Talon jusqu’à la rue Saint-Antoine.
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«On est fâchés»
Plusieurs commerçants de la rue Saint-Urbain interrogés par Le Journal déplorent qu’on retire des stationnements dans un secteur où il est déjà difficile pour les automobilistes de se garer. Tous disent avoir été informés du projet le mois dernier et ne pas avoir été consultés pour son élaboration.
«Mes clients me disent souvent qu’ils attendent après quelqu’un qui ne peut pas se stationner. Il y en a peu qui arrivent avec leur casque de vélo», explique Mme Sckolnick.
Jordan Sá, dont la famille a ouvert le Marché Sá et Fils en 1975, explique que son épicerie bien connue de la communauté portugaise attire de nombreux clients de l’extérieur de la ville qui viennent en voiture. «On est fâchés», résume-t-il.

Même son de cloche au restaurant Che Churros & Empanadas.
«C’est vraiment mauvais pour nous. On est préoccupés. On a pensé déménager, mais c’est très cher», résume le directeur des ventes Eduardo Toker.
La Ville de Montréal a retiré des milliers de places de stationnement de la voie publique au cours des dernières années. Si un bilan réalisé par 24 heures en 2023 faisait état du retrait de près de 6000 places entre 2018 et 2022, la Ville de Montréal a expliqué lundi qu’elle n’avait pas de bilan à jour.
Bon pour les cyclistes
D’autres perçoivent le projet d’un bon œil, comme le propriétaire du café Santropol, qui y voit notamment une amélioration pour la sécurité de ses nombreux clients cyclistes.
«La plupart de mes clients passent par le parc pour venir prendre un café et notre support à vélos est toujours plein», dit Garth Gilker.

Les résidents de la rue Saint-Urbain semblent aussi divisés sur ce réaménagement.
«Je suis contente. La nouvelle piste cyclable sera plus sécuritaire et j’espère que ça va diminuer la circulation et que ce sera moins bruyant», fait valoir Carolyn Guillet, alors qu’elle se dirigeait à vélo vers un rendez-vous lundi.

«C’est sûr que je suis contre», a déclaré quant à lui Fernando Cardoso, qui détient une vignette pour stationner sa voiture sur la rue Saint-Urbain.
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