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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

On entendait les mouches voler à la SAQ lors de la première journée de grève

Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2024-04-25T04:00:00Z
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Il y avait plus de manifestants dans les rues que de clients dans les allées de la SAQ, mercredi. Plusieurs Québécois se sont butés à des portes barrées en raison de la grève des 5000 employés du réseau. 

• À lire aussi: Encore aucune discussion sur les salaires à la SAQ après 12 mois de négos

«Je ne savais pas que c’était fermé, j’avais juste entendu parler du conflit», s’est étonnée une résidante du quartier Limoilou, Sabrina Baronet, devant sa succursale, à Québec. La cliente déçue affichait une mine surprise, mais ne comptait pas aller ailleurs.

Ignorant qu'une grève était en cours, Sabrina Baronet s'est butée à la porte close de la SAQ de Limoilou.
Ignorant qu'une grève était en cours, Sabrina Baronet s'est butée à la porte close de la SAQ de Limoilou. photo gabriel côté

«Les employés sont toujours sympathiques, c’est la moindre des choses», a-t-elle lâché avant de rebrousser chemin.

À Montréal, les agents de sécurité en renfort ne surveillaient pas grand monde dans les quelques succursales ouvertes malgré la grève, a constaté Le Journal.

Dans les trois magasins visités en après-midi – rue Masson, rue Beaubien et Halls d’Anjou –, le plancher était le royaume de cadres venus assurer l’intérim. Ils avaient tous reçu l’ordre de ne pas parler aux journalistes.

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  • Écoutez la rencontre politique avec Yasmine Abdelfadel et Marc-André Leclerc via QUB :

Les 5000 employés en grève «ne font pas pitié», ont tenu à nous dire deux des rares clients croisés en magasin. Ils n’ont pas voulu s’identifier.

Dès 11h, mercredi, la direction de la société d’État a fait savoir que 37 de ses 411 succursales seraient ouvertes. Le syndicat venait de débrayer quelques heures plus tôt.

Julie Cavalieri-Lessard (2e à partir de la gauche) travaille à la SAQ depuis 27 ans. Elle demande aux Québécois de ne pas se rendre à la SAQ mercredi et jeudi pendant la grève.
Julie Cavalieri-Lessard (2e à partir de la gauche) travaille à la SAQ depuis 27 ans. Elle demande aux Québécois de ne pas se rendre à la SAQ mercredi et jeudi pendant la grève. photo julien mcevoy

Frustrés par la précarité

Les salariés de la SAQ revendiquent la fin de la précarité et se sont rassemblés pour manifester un peu partout au Québec.

«Après 27 ans, ce serait l’fun d’avoir mes fins de semaine», a osé Julie Cavalieri-Lessard, qui s’était déplacée à la place des Festivals, dans la métropole. Quelques centaines d’autres syndiqués l’accompagnaient pour vociférer leurs frustrations en public.

La conseillère en vin travaille à la SAQ depuis plus de la moitié de sa vie, mais doit toujours se taper un horaire du dimanche au jeudi, en plus d’assurer la fermeture deux soirs par semaine.

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Cet horaire, elle s’est battue pour l’avoir, dit-elle, comme le poste lui-même. Une des demandes syndicales est justement l’augmentation du nombre de conseillers en vin.

12 ans sans statut

photo julien mcevoy
photo julien mcevoy

«La SAQ a un problème», croit Pascal Lalancette, qui aura bientôt 12 ans d’ancienneté comme caissier-vendeur. À 45 ans, il n’a toujours pas de poste permanent, il ne fait pas encore partie des 1800 réguliers parmi les 5000 employés des succursales. «Ce n’est pas par choix», même si ses horaires sont plus prévisibles que ceux de ses jeunes collègues. La semaine prochaine, il sera en congé forcé le mercredi, malgré sa disponibilité. «Ils pourraient facilement régler ça», pense-t-il.

Mot-clé: «précarité»

Lisa Courtemanche, présidente du SEMB-SAQ-CSN, et Caroline Senneville, présidente de la CSN, mercredi, au centre-ville de Montréal
Lisa Courtemanche, présidente du SEMB-SAQ-CSN, et Caroline Senneville, présidente de la CSN, mercredi, au centre-ville de Montréal Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

Les employés des succursales passent «cinq, sept, dix ans» sur le plancher sans obtenir de poste, dénonce le syndicat. Ils n’ont «pas d’assurances collectives» et «pas assez d’heures pour payer l’épicerie». Seuls ceux qui cumulent sept ans d’ancienneté et 20 heures par semaine ont droit aux avantages sociaux. «Beaucoup trop de monde» parmi les 5000 ne reçoit aussi que des miettes à l’horaire. Sur appel le reste du temps, ces employés doivent avoir un deuxième boulot pour vivre, ce qui «ne fait pas très 2024», vitupère la CSN.

Le gras est au top

Photo Agence QMI / Toma Iczkovits
Photo Agence QMI / Toma Iczkovits

«Quand ton PDG gagne 500 000$, t’as de la marge», illustre Lisa Courtemanche, qui représente les 5000 grévistes. Le patron applique un plan stratégique qui «se fout» des humains, répète-t-elle. «Ce serait facile de transformer 3200 postes précaires en vrais jobs», assure-t-elle, quitte à en avoir moins. Si la SAQ veut continuer à miser sur un service A1, elle doit réaliser que ceux en bas de l’échelle méritent le respect, dit le syndicat.

Parlons salaire... ou pas

Photo Julien McEvoy
Photo Julien McEvoy

Le salaire horaire d’un caissier-vendeur à la SAQ est de 21,50$ quand il commence et de 28,15$ au sixième et dernier échelon. Le syndicat demande 18% d’augmentation sur trois ans ainsi qu’une indexation à l’inflation. Les négociations ont commencé il y a 12 mois et les parties sont en conciliation depuis sept mois, mais la question salariale n’a pas encore été abordée à la table. Les négos reprennent lundi.

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