«On déplace le problème»: l’arrivée d’un refuge pour sans-abri dérange à Verdun


Anouk Lebel
Des citoyens de Verdun s’inquiètent du déménagement du refuge pour sans-abri du Complexe Guy-Favreau, au centre-ville, dans leur quartier résidentiel du sud-ouest de Montréal.
«On déplace le problème. Des gens dans la rue, ça vient avec de la drogue, des problèmes de santé mentale. Est-ce qu’on est équipés dans un coin résidentiel comme ici? Je ne pense pas», tonne Éric Lépine.
Le père de famille est né et a grandi à Verdun. Il habite à quelques rues de l’ancienne RPA Les Jardins Gordon.
Acheté par la Ville en juin pour créer des logements abordables, l’immeuble servira temporairement de refuge pour les itinérants pour l’hiver, à partir de la fin du mois de novembre.

Temporaire
«C’est sûr que ça m’inquiète. Est-ce qu’ils vont les entreposer comme des vaches, sans leur donner les ressources qu’il faut?», demande quant à elle Mélany Piette, installée à Verdun depuis 18 ans.
Elle croit que cette décision ne servira ni les citoyens ni les personnes en situation d’itinérance à long terme.
«C’est temporaire, pendant l’hiver. On doit comme communauté faire preuve d’empathie et être prêts à soutenir les plus démunis de notre société», nuance Louise Constantin, une retraitée impliquée dans le milieu communautaire du quartier.

La mairesse de Verdun, Marie-Andrée Mauger, tient à rassurer les citoyens.
«Il nous semblait immoral de laisser cet immeuble-là vide alors qu’il y a du monde à Verdun qui va dormir dehors cet hiver», a réitéré l’élue de Projet Montréal.
Elle assure que le tout sera temporaire, jusqu’au printemps 2024, début des travaux pour que l’immeuble accueille jusqu’à 90 logements abordables.
Entre-temps, un comité citoyen de bon voisinage sera créé, en plus du comité de travail sur l’itinérance qui existe déjà dans le quartier.
Besoins
Il s’agira du premier hébergement du genre dans le quartier, qui n’a jamais eu de refuge ou de halte-chaleur, a souligné Mme Mauger.
«Le besoin est là», affirme Angela Murphy, directrice générale du projet PAL, qui accompagne les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale depuis près de 50 ans dans le quartier.
«On ne pourra pas accueillir les gens si le refuge n’est pas ouvert de jour, on n’est pas un drop-in», prévient-elle toutefois.