On aime le PQ... et Carney???
Le Québec veut le téton et le biberon...


Richard Martineau
Vous souvenez-vous du texte «Le Québec me tue», qu’une jeune étudiante en droit de 19 ans (Hélène Jutras) avait fait paraître dans Le Devoir en 1994?
Moi, ce que j’ai envie de crier, ces temps-ci, c’est: «Le Québec me lasse!»
Ou «Le Québec me fatigue!»
LA CEINTURE ET LES BRETELLES
S’il y avait des élections provinciales aujourd’hui, le PQ formerait un gouvernement majoritaire avec 30% des voix.
Mais selon un autre sondage Léger, le taux d’approbation de Mark Carney atteint près de 60% au Québec!
Les Québécois éliront un parti souverainiste, mais tripent sur Mark Carney!
S’il y avait des élections fédérales aujourd’hui, 44% des Québécois voteraient PLC! Contre 25% pour le Bloc! Qui, comme le PQ, est souverainiste!
Comprenez-vous quelque chose, vous?
Moi non plus.
Pour tout vous dire, je suis tanné de la schizophrénie québécoise.
De notre incapacité chronique de choisir notre camp.
Ras-le-pompon.
Pendant longtemps, on a dit que ce besoin viscéral de porter à la fois une ceinture et des bretelles afin de s’assurer que notre pantalon ne tombera pas était relié à nos racines normandes.
En effet, l’un des traits caractéristiques des Normands est l’insécurité. La prudence poussée à l’extrême limite.
«P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non...»
«Ni oui ni non, bien au contraire...»
Incapables de choisir.
Toujours le cul entre deux chaises.
À cheval sur la clôture. Une fesse à gauche, une fesse à droite.
Je ne sais pas si ce trait de notre personnalité a un quelconque lien avec notre généalogie, mais tout ce que je peux vous dire est qu’autant ce trait pouvait peut-être paraître charmant naguère, autant aujourd’hui, il me paraît détestable.
Je commence à comprendre les anglos lorsqu’ils se demandent: «What does Québec want?»
Je me pose la même question!
Comment on peut à la fois aimer le PQ et Mark Carney?
Elle est où, la logique?
DESCHAMPS AVAIT RAISON
On ne peut pas à la fois voter PQ et PLC!
C’est un oxymore, deux termes qui se contredisent!
Comme si on signait le Pacte pour l’environnement et qu’on faisait des pubs pour le F-450!
Comment tu peux voter pour un parti souverainiste et être pro-Carney?
Un moment donné, faut que tu tranches!
C’est ça, être adulte: faire des choix!
Or, au Québec, non, on garde toutes les portes ouvertes!
Quand je regarde les résultats contradictoires de nos sondages, je me dis que nous ne méritons pas d’avoir un pays.
Fonder un pays, c’est un acte courageux. Une coupure, une rupture. Qui demande de la bravoure, de la témérité et, oui, des sacrifices.
Or, au Québec, on veut le téton et le biberon.
Yvon Deschamps avait raison: on veut un Québec libre dans un Canada uni.
Carney à Ottawa et PSPP à Québec.
Comme ça, si un exagère, l’autre va le remettre à sa place.
Et vice-versa.
Je m’excuse, mais ça ne fait pas des enfants forts, ça...
Si vous ne voulez pas la souveraineté, pourquoi vous votez PQ?
Et si vous êtes souverainistes, pourquoi vous votez Carney?
Un peu de cohérence, bordel!
Tanné de cette ambivalence...
Pas vous?