On a une bonne idée de ce que coûtera Christian Dvorak

Nicolas Cloutier
Combien coûtera Christian Dvorak si les Canadiens de Montréal comptent le prolonger? Sans tambour ni trompette, un contrat signé le 5 mars dernier dans la Ligue nationale de hockey (LNH) nous a donné un excellent indice de la valeur du joueur de centre sur le marché des joueurs autonomes.
Il y a quelques semaines, Alex Kerfoot paraphait un pacte d’un an avec l’Utah HC qui est passé sous le radar. Cette entente est très importante pour établir le prix de Dvorak le 1er juillet prochain. On y reviendra.
Si on accorde autant d’importance à cette entente et à ce dossier, c’est parce que Dvorak ne serait pas aussi facile à remplacer que l’on pourrait le croire pour les Canadiens.
Au début de la saison, on aurait cru le vétéran fixé sur son sort, destiné à écouler sa dernière année de contrat à Montréal avant de partir à l’été 2025. Or, si Dvorak n’est jamais devenu le deuxième centre anticipé, censé remplacer Jesperi Kotkaniemi, le numéro 28 a trouvé sa niche au sein de l’équipe, devenant un élément dont Martin St-Louis ne peut se passer en ce moment.
Laisser partir Dvorak et le remplacer par Owen Beck ou Oliver Kapanen n’est pas si simple. Dvorak remplit un rôle qui serait difficile à occuper pour toute recrue de la LNH l’an prochain. Voici quatre faits importants à retenir*.
- Parmi les 107 joueurs de centre qui ont pris au moins 500 mises au jeu cette saison, Dvorak est 19e pour le taux d’efficacité, avec 55,8%, à égalité avec Sebastian Aho des Hurricanes de la Caroline. Il est aussi premier chez le CH.
- Dvorak est 27e dans la LNH pour le nombre de mises au jeu prises en zone défensive, avec 387. Il arrive au deuxième rang chez le CH derrière Evans (497). Ensemble, Dvorak et Evans ont abattu le gros du travail à ce chapitre pour permettre à St-Louis d’utiliser Nick Suzuki dans plus de situations offensives. Si Dvorak part, qui prendra son immense part du gâteau?
- Dvorak est 10e dans toute la LNH (à égalité avec Ryan McLeod, Pius Suter et Vincent Trocheck) chez les joueurs de centre pour la moyenne de temps de jeu en infériorité numérique, avec 2 min 18 s par match. Le Tricolore est 12e dans la LNH cette saison avec un taux d’efficacité de 80,7% à court d’un homme.
- Dvorak est le seul centre régulier chez le CH qui est gaucher. Evans, Kirby Dach et Suzuki sont tous droitiers. Alex Newhook est présentement à l’essai au centre, mais il a surtout joué à l’aile cette saison.
On constate rapidement que Dvorak ne sera pas remplacé en criant ciseau.
Le baromètre Kerfoot
Dans les derniers mois, il n’y a pas beaucoup de joueurs de centre qui ont signé une prolongation de contrat et qui présentent un profil semblable à celui de Dvorak, c’est-à-dire: un joueur de centre produisant une trentaine de points et jouant au moins deux minutes par match en infériorité numérique.
Idéalement, il faut aussi que le contrat soit récent pour qu’il tienne compte de la hausse anticipée du plafond salarial annoncée le 31 janvier dernier.
C’est là que Kerfoot entre en jeu. Kerfoot est un joueur de centre – qui a aussi joué à l’aile cette saison, néanmoins – sensiblement du même âge que Dvorak, revendiquant 20 points en 70 matchs et évoluant en moyenne 2 min 31 s en infériorité numérique.
Kerfoot a signé le 5 mars dernier un contrat d’un an et de 3 millions $ avec l’Utah HC.
Contrairement à Dvorak, il ne s’est jamais blessé lors des dernières saisons et son historique de production est plus intéressant; pas plus tôt que la saison dernière, il récoltait 45 points avec les Coyotes de l’Arizona.
Or, Dvorak a évolué à temps plein au centre et a pris plus de mises au jeu que Kerfoot cette saison. Il a aussi été légèrement plus productif en 2024-2025, mais, au final, on donne un léger avantage à Kerfoot pour l’ensemble de l’œuvre dans les deux ou trois dernières années.
Avec Kerfoot comme point de comparaison, on peut situer la valeur de Dvorak entre 2,5 millions $ et 3,5 millions $ en fonction de la durée du contrat.
En tirant profit de son statut de joueur autonome sans compensation, Dvorak peut faire monter un peu le prix.
On sait que le CH a eu des discussions avec le futur joueur autonome sans compensation Joel Armia. On ignore si des négociations préliminaires de ce genre ont eu lieu avec Dvorak. L’agent de Dvorak, Kevin Magnuson, n’a pas rendu l’appel du TVASports.ca.
De l’intérêt des Blues et des Blackhawks?
Il faut aussi se demander si les Blackhawks de Chicago rôderont autour de Dvorak, qui a grandi à Palos Heights, ville dans l’Illinois à 30 ou 40 minutes de voiture de la métropole américaine. Dvorak a d’ailleurs joué son hockey mineur avec le Mission de Chicago.
L’agent de Dvorak est très connu dans la région. Le nom de Kevin Magnuson vous est peut-être familier, puisqu’il s’agit du fils de l’ancien défenseur des Blackhawks Keith Magnuson, qui est décédé dans des circonstances tragiques en 2003.
Les Blues de St. Louis, au Missouri, sont aussi à considérer en raison de la proximité géographique avec le patelin de Dvorak.
Si ces équipes sont prêtes à donner trois ou quatre ans à Dvorak, il sera difficile pour le CH de retenir ses services.
Pour le directeur général du CH, Kent Hughes, un contrat de deux ans semble la meilleure option pour ne pas bloquer le développement des jeunes attaquants de l’organisation à moyen terme.
Hughes avait réussi à convaincre Evans de faire des concessions pour rester à Montréal, y parviendra-t-il à nouveau avec Dvorak ou sera-t-il à court de magie?
*Statistiques comptabilisées avant les matchs du 24 mars