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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

«On a mis de la fibre optique partout, mais que ce sont seulement des Américains qui peuvent y rouler»: Charles Lafortune critique le projet de loi du ministre Lacombe

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Photo portrait de Frédérique De Simone

Frédérique De Simone

2025-05-21T16:45:01Z
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Charles Lafortune s’est montré, encore une fois, très critique à l’égard du projet de loi «sur la découvrabilité des contenus culturels francophones dans l’environnement numérique», que doit déposer le ministre de la Culture du Québec, Mathieu Lacombe, mercredi.

Le producteur à la tête de Pixcom (Alertes, Indéfendable, MasterChef) craint que le projet du ministre Lacombe ne soit pas suffisant à lui seul pour faire réellement découvrir les contenus canadiens et québécois sur les plateformes des géants américains.

«Il n’y a pas beaucoup de productions originales québécoises et Netflix n’engage pas beaucoup de producteurs québécois», a soutenu le producteur et premier vice-président au contenu et à la création lors de son passage virtuel à l’émission de Mario Dumont, mercredi matin.

«Ce n’est pas seulement une question de découvrabilité des contenus. Il faut aussi se concentrer sur la découvrabilité des plateformes elles-mêmes, comme TVA+, illico+, Tou.tv, Gem, au Canada anglais, Citytv+, etc. Ce serait important qu’on puisse retrouver ces plateformes sur nos appareils», a-t-il lancé à l’animateur de LCN.

Bruno Petrozza / TVA Publication
Bruno Petrozza / TVA Publication

Charles Lafortune a ensuite cité en exemple l’approche de la France, qui demande aux fabricants de télévisions d’inclure les applications françaises à l’interface des appareils vendus en sol français.

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«J’en ai parlé au ministre Lacombe et il y a quelque chose qui s’en vient avec ça», a-t-il soutenu.

«On pourrait dire que si vous êtes sur le territoire québécois [...] les plateformes canadiennes vont s’installer», a-t-il ajouté, estimant que le Québec avait accumulé du retard par rapport aux autres pays quant à l’exportation de ses contenus et de sa culture sur les marchés internationaux.

«Le problème, c’est qu’il faut que ça se rende aux gens. Si on met du contenu québécois sur une grande plateforme, on va quand même être noyé dans une mer de contenus», a-t-il dit, critiquant les algorithmes et le laxisme du CRTC en matière de contenu numérique.

«On a payé collectivement. On a mis de la fibre optique partout. On l’a payée de nos poches. On a filé le Québec au complet sans qu’aucun étranger ne mette d’argent là-dessus. C’est comme si on disait qu’on a construit des autoroutes électroniques, mais que ce sont seulement des Américains qui peuvent y rouler», a poursuivi le producteur.

Avec son nouveau projet de loi, le ministre de la Culture Mathieu Lacombe veut forcer les géants numériques, comme Netflix, Prime Video et Spotify, à présenter des contenus francophones sur leur page d’accueil, pour qu’un consommateur puisse les découvrir spontanément.

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De son côté, l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (Adisq) salue l’engagement du ministre Lacombe, qui, selon elle, démontre une volonté d’agir pour la musique d’ici.

«Il s’agit d’un symbole clair que le gouvernement du Québec a pris acte de la situation qui prévaut dans notre industrie. Ce projet de loi s’inscrit dans une réflexion à avoir pour augmenter la consommation de nos musiques», a indiqué mercredi Eve Paré, directrice générale de l’Adisq, par voie de communiqué.

«La portée et l’application de ce projet de loi sont encore à définir, mais des pistes à privilégier apparaissent déjà clairement pour notre secteur», a-t-elle ajouté.

Alliance francophone France-Québec

Parallèlement, le Québec a créé une alliance stratégique avec la France dans le domaine de l’audiovisuel afin de contourner les géants de l’écoute en ligne, la baisse des revenus publicitaires et les tarifs imposés par le président américain.

«Trump est en train d’affoler tout le monde et de monter des murs. La France et le Québec vont former une véritable alliance de nos industries francophones, non pas pour se refermer entre francophones, mais pour partir à la conquête du monde», a fait valoir le réalisateur Alexandre Jardin à Christine Manzo.

Cette réciprocité entre les deux pays permettrait de mettre les contenus francophones de l’avant tout en aidant les créateurs et les producteurs.

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