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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

«On a besoin d’une révolution»: la malbouffe est responsable de près de 40% des maladies cardiovasculaires

Une nouvelle étude illustre le lourd fardeau des aliments ultratransformés sur la santé

Professeur à l'Université de Montréal, Jean-Claude Moubarac a empilé divers aliments ultratransformés sur son bureau.
Professeur à l'Université de Montréal, Jean-Claude Moubarac a empilé divers aliments ultratransformés sur son bureau. Ben Pelosse / JdeM
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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2025-02-25T10:00:00Z
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Les aliments ultratransformés, riches en sel, en gras et en sucre, sont responsables de près de 40% des maladies cardiovasculaires au pays, révèle une nouvelle étude.

«On a besoin d’une révolution, de renverser la tendance pour que les aliments frais deviennent la norme», plaide le chercheur Jean-Claude Moubarac, de l’Université de Montréal, qui signe une nouvelle étude publiée aujourd’hui par Cœur + AVC Canada.

Son étude conclut que plus du tiers de tous les troubles cardiovasculaires (38%) survenus en 2019 étaient liés à la consommation de boissons et d’aliments ultratransformés.

En chiffres, cela signifie que la malbouffe était derrière près de 100 000 nouveaux cas de maladies du cœur ou d’AVC et plus de 17 000 décès.

Consommation très élevée

Au Canada, la consommation des aliments ultratransformés est très élevée, atteignant jusqu’à 43% de l’apport énergétique quotidien chez les adultes.

Pour arriver à chiffrer l’impact de la malbouffe sur le cœur, Jean-Claude Moubarac a utilisé un modèle statistique qui croise les données de consommation d’aliments ultratransformés, avec celles du nombre de maladies cardiovasculaires, prenant ensuite en compte les risques accrus de maladies pour chaque 10% de calories venant de ces produits.

Ben Pelosse / JdeM
Ben Pelosse / JdeM

«On est dans un système alimentaire qui est pour moi complètement brisé, déplore-t-il. Ce n’est pas l’individu qui est le seul responsable de sa santé quand il y a toute une industrie qui vend des produits rentables, mais pas nécessairement sains.»

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Or, si la population réduisait de moitié́ sa consommation de boissons et d’aliments ultratransformés, il y aurait une diminution de 46 000 nouveaux cas de maladies cardiovasculaires.

C’est quoi?

Les aliments ultratransformés sont des «formulations de substances et d’additifs cosmétiques comme des colorants et des saveurs artificielles», explique M. Moubarac.

Il s’agit de boissons gazeuses, de pâtisseries commerciales, de la plupart des boîtes de céréales sucrées ou des produits vendus au rayon des surgelés.

«Ils vont contenir des substances laitières modifiées au lieu du lait», dit le professeur au département de nutrition de l’UdeM, donnant les tranches de Kraft Singles en exemple, contrairement au fromage cheddar traditionnel.

Les consommateurs vont choisir les aliments ultratransformés, riches en gras, en sel ou en sucre, car ils sont «alléchants, savoureux et pratiques», dénonce Jean-Claude Moubarac, ajoutant qu’ils sont aussi abondants et souvent vendus au rabais.

Selon lui, le puissant moteur économique qu’est l’industrie agroalimentaire fait en sorte que les gouvernements n’osent pas privilégier la santé au détriment de l’industrie.

Les aliments ultratransformés nous rendent malades

  • Au Canada, la consommation de boissons et d’aliments ultratransformés représente 43,4% de l’apport énergétique quotidien total chez les adultes (20 ans ou plus).
  • Cette consommation est responsable de 38% de tous les troubles cardiovasculaires survenus en 2019, soit environ 96 043 nouveaux cas de maladies cardiovasculaires (maladies du cœur ou AVC) et 17 417 décès.
  • Si la population réduisait de moitié́ sa consommation de boissons et d’aliments ultratransformés, il y aurait une diminution de 45 914 nouveaux cas de maladies cardiovasculaires et 8 314 décès en moins liés à ces maladies.

Source : Cœur + AVC Canada et Département de nutrition de l’Université de Montréal

Quelques exemples d’aliments ultratransformés

Ces aliments sont altérés par l’ajout de sel, de sucre, de gras, d’additifs, d’agents de conservation et de couleurs artificielles.

  • Les boissons gazeuses ou sucrées (comme les boissons énergisantes ou les cocktails de fruits);
  • Des biscuits, barres tendres, friandises chocolatées, gâteaux et bonbons;

  • Des pains industriels, craquelins, croustilles, grignotines salées;
  • Les repas surgelés (pizzas, croquettes de poulet);
  • Les saucisses à hot-dog, viandes froides, soupes instantanées.
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