Visages de notre histoire: Omer de Serres, s’adapter et durer

Centre des Mémoires Montréalaises
DESERRES, UNE ENTREPRISE FAMILIALE
Tous connaissent le nom DeSerres, le magasin à la palette rouge où on se rend pour nourrir ses envies créatives. Or, les origines d’une des enseignes bien connues des Québécois sont fort différentes de son secteur d’activité actuel ! Son fondateur, Omer de Serres, est de ceux qui font mentir le vieux préjugé qui voudrait que les Canadiens français n’aient pas eu la bosse des affaires. C’est en 1908 que le jeune Omer, alors âgé d’à peine 27 ans, prend possession d’une ferronnerie, au coin des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine, pour y installer une quincaillerie de quartier qui devient vite très fréquentée. Avec le temps, le fils d’Omer de Serres, Roger, s’implique dans l’aventure et en prend la tête en 1949, au décès d’Omer. Roger fait de la chaîne un quasi « grand magasin » de la quincaillerie, où on trouve tout autant la prochaine laveuse et la cafetière que le matériel de chasse et pêche. Aujourd’hui, c’est le petit-fils du fondateur, Marc, qui tient encore les rênes de l’entreprise.
DES PIÈCES ET DE LA QUINCAILLERIE

Un ancien catalogue de l’entreprise datant des années 1920 montre quelques-unes des succursales de la chaîne de quincailleries la plus importante à Montréal. Selon les quartiers et les besoins de la clientèle locale, les départements de pièces d’auto, d’articles de sport ou de matériel graphique sont plus garnis. C’est un peu pourquoi le matériel d’art commence à apparaître sur les rayonnages de la succursale de la rue Sainte-Catherine : la présence voisine de l’Institut des arts appliqués avec ses cours d’architecture et de graphisme encourage l’achat local ! Mais la quincaillerie ne perd pas de terrain et plusieurs grands chantiers voient les représentants d’Omer DeSerres leur proposer leurs produits pour les portes, les serrures ou la plomberie. La construction du métro dans les années 1960 et les grands changements du secteur aujourd’hui occupé par l’UQAM nuisent à l’achalandage de l’entreprise et ralentissent ses activités. C’est dans les années 1980, sous la direction de Marc DeSerres, qu’on prend la décision de se spécialiser dans le matériel d’art et de créativité.
CRÉER DE SES MAINS

Non seulement Roger DeSerres assure la prospérité de l’entreprise familiale, mais il devient l’un des hommes d’affaires les plus en vue de son époque. Impliqué dans divers mouvements philanthropes, il contribue à la fondation de Centraide. Il aurait aussi été le premier francophone à la tête de la chambre de commerce du Canada, et comme son père Omer, il soutient leurs employés pour de la formation continue, leur offre des activités sociales et des conditions de travail respectables. Omer DeSerres (devenu DeSerres au début des années 2010), compte aujourd’hui 29 succursales au Québec, et au Canada. Les activités de l’entreprise sont bien appuyées sur une tendance qui ne se dément pas : malgré le fait que les graphistes travaillent désormais sur leurs ordinateurs, de plus en plus de gens se tournent vers les loisirs créatifs et les beaux-arts, de la très sérieuse peinture à l’huile à la création de bijoux fantaisie, en passant par l’encadrement.
– Recherche et rédaction par l’historienne Éliane Bélec