«Oh, ce n’est pas grave»: Donald Trump minimise sa dispute avec Musk
AFP
Les Américains s’interrogent vendredi sur les conséquences de la rupture publique spectaculaire entre Donald Trump et Elon Musk, le président des États-Unis ayant notamment menacé de rompre les contrats publics conclus avec les entreprises de l’homme le plus riche du monde.
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Les sites américains Politico et Axios ont cru percevoir un signe d’apaisement dans la nuit de jeudi à vendredi, après un court entretien accordé par le président républicain au premier média.
«Oh, ce n’est pas grave», a déclaré Donald Trump à Politico qui l’a interrogé sur cette dispute.
Le président américain Donald Trump n’entend pas s’entretenir avec son ancien conseiller Elon Musk vendredi, au lendemain de leur rupture publique spectaculaire, selon un responsable de la Maison-Blanche.
«Le président n’a pas l’intention de parler à Musk aujourd’hui», a déclaré à l’AFP un responsable de la Maison-Blanche sous le couvert de l’anonymat, contredisant les informations du média Politico sur un possible appel entre les deux anciens alliés.
Avec leurs échanges acrimonieux, les deux anciens amis se sont emballés jeudi.
Le président américain a affirmé dans son réseau Truth Social qu’Elon Musk était «devenu fou» à cause d’une décision défavorable aux véhicules électriques.
«Le plus simple pour économiser des milliards et des milliards de dollars dans notre budget serait d’annuler les subventions et les contrats gouvernementaux» du patron de Tesla et de SpaceX, a menacé le président, en difficulté sur un projet de vaste loi budgétaire.
Dans son réseau X, Elon Musk a déclaré en réponse que SpaceX «commencera[it] immédiatement à mettre hors service son vaisseau spatial Dragon», utilisé notamment par la NASA pour acheminer des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS).
Il a semblé, quelques heures plus tard, faire marche arrière, écrivant: «Bon, nous n’allons pas mettre Dragon hors service».
Entre-temps, la capitalisation de Tesla a fondu de dizaines de milliards de dollars à Wall Street, l’action clôturant jeudi à -14,26%.
Depuis qu’Elon Musk a lancé la semaine dernière un tir de barrage contre le projet de loi budgétaire au cœur du début de mandat de Donald Trump, ce n’était sans doute qu’une question de temps avant que le divorce ne soit consommé.
C’est pendant une réunion dans le Bureau ovale avec le chancelier allemand Friedrich Merz, réduit au rôle de figurant muet, que le président a pris acte jeudi de la rupture.
Pendant un échange avec les journalistes, retransmis en direct, Donald Trump s’est dit «très déçu». «Elon et moi avions une bonne relation. Je ne sais pas si c’est encore le cas», a-t-il lancé à propos de son ancien «conseiller spécial», qui a quitté vendredi dernier la mission de réduction des dépenses publiques qu’il menait à la Maison-Blanche.
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«N’importe quoi»
«N’importe quoi», écrit Elon Musk en commentaire d’une vidéo de Donald Trump affirmant, déjà, que sa colère était due à la perte de subventions pour les véhicules électriques.
«Faux», publie-t-il ensuite au-dessus d’un extrait dans lequel le président américain assure que l’entrepreneur connaissait d’avance le contenu du texte. Une «grande et belle loi» selon Donald Trump, une «abomination» pour les finances publiques selon Elon Musk, dont l’adoption n’est pas garantie au Congrès.
Le multimilliardaire, qui a très généreusement financé la campagne du républicain en 2024, assure que «Trump aurait perdu l’élection» sans lui et l’accuse d’«ingratitude».
Il a aussi affirmé, sans apporter de preuve, que le nom du président se trouvait dans le dossier Jeffrey Epstein, ce financier américain au cœur d’un vaste scandale de crimes et d’exploitation sexuels qui s’est suicidé en prison avant d’être jugé; des accusations qualifiées de «regrettables» par la Maison-Blanche.
Dans le Bureau ovale, Donald Trump a dépeint son ancien allié en amoureux éconduit: «Il disait les choses les plus belles à mon propos».
«Nouveau parti politique»
Dès l’entrée tonitruante d’Elon Musk dans la campagne de Donald Trump l’an dernier, les doutes ont surgi sur la longévité de leur relation.
Donald Trump avait défendu son allié face aux critiques et avait même organisé une opération de promotion pour la marque Tesla à la Maison-Blanche. De son côté, Elon Musk avait qualifié le président de «roi» le jour de son investiture.
Mais les tensions ont grandi entre le multimilliardaire et l’entourage du président.
«Il faudrait lancer une enquête formelle sur son statut migratoire, car je crois fortement que c’est un étranger illégal et qu’il devrait être expulsé immédiatement», a déclaré jeudi soir au New York Times l’ex-conseiller de Donald Trump et idéologue d’extrême droite Steve Bannon. Elon Musk est né en Afrique du Sud et a été naturalisé américain.
Pour certains experts, ce qui pourrait avoir scellé le sort d’Elon Musk ne s’est pas passé à Washington, mais dans le Wisconsin où il s’était fortement engagé, financièrement et personnellement, en faveur d’un juge conservateur candidat à la Cour suprême locale, qui a été battu.
Donald Trump, qui déteste être associé à la défaite, aurait suivi avec attention cette première aventure politique en solo d’Elon Musk.
Lequel n’a visiblement pas été dégoûté. Celui qui ne peut devenir président puisqu’il a été naturalisé a demandé, jeudi dans X, s’il n’était pas «temps de créer un nouveau parti politique» aux États-Unis.