Offensive pour réformer le programme d’univers social au primaire


Daphnée Dion-Viens
Dans le réseau scolaire, les voix se multiplient pour réclamer la réforme du programme d’univers social au primaire, auquel on reproche de transmettre une «vision très stéréotypée» de certains enjeux.
L’Association québécoise pour l’enseignement en univers social, la Société des professeurs d’histoire du Québec et l’Association québécoise pour la didactique de l’histoire et de la géographie appuient les revendications d’abord lancées par un groupe d’experts il y a quelques mois.
«On peut même parler d’un consensus des acteurs du milieu, le temps est venu», lance Raphaël Gani, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval.
Le programme d’univers social au secondaire a fait l’objet d’une réforme en 2016, alors qu’au primaire, les contenus sont les mêmes depuis 2001. «Le programme est très daté, il n’est pas du tout à jour dans les connaissances» et il véhicule une «vision très stéréotypée» des Premières Nations, affirme M. Gani.
Annie Masson, qui enseigne en sixième année dans une école de Québec, le confirme. «Il y a encore du matériel didactique où on parle des Indiens, avec des images de plumes sur la tête. Si on veut éliminer les préjugés, c’est sûr qu’il y a du travail à faire», dit-elle.
Un «non-sens»
L’enseignement de l’univers social commence en troisième année du primaire, avec les années 1500, une époque qui est très éloignée de la vie d’enfants de huit ou neuf ans.
L’époque plus récente, qui comprend les années 1980, est réservée aux plus grands de sixième année, ce qui représente un «non-sens» sur le plan didactique, selon plusieurs experts.
Il y a aussi un enjeu de redondance avec le secondaire, puisque la trame historique enseignée au primaire est la même que celle vue en troisième et quatrième secondaire, ajoute Mme Masson.
Les initiateurs d’une pétition qui a été déposée sur le site de l’Assemblée nationale estiment par ailleurs que le programme du primaire ne prépare pas bien les élèves pour l’étude de la géographie et de l’histoire au secondaire, ce qui pourrait expliquer en partie le taux d’échec élevé à l’épreuve d’histoire de quatrième secondaire.
De son côté, Raphaël Gani espère que cette fois-ci sera la bonne. «Ça fait longtemps qu’on pousse, mais la volonté politique ne semble pas être là», déplore-t-il.
Pas pour l’instant
Au cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, on refuse de s’engager dans cette voie pour l’instant.
Le programme de français est présentement en révision, alors que le ministre a aussi annoncé son intention de réviser le programme de sciences au primaire et au secondaire, indique son attaché de presse, Antoine de la Durantaye.
«On est conscient que d’autres programmes, dont celui d’univers social au primaire, doivent être révisés, mais on doit y aller par étape, on ne peut pas tout faire en même temps. On continue de faire une veille et d’écouter les commentaires des partenaires, mais on ne s’avancera pas davantage pour le moment», affirme-t-il dans une déclaration écrite.
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