Nouvelles règles d’affichage de prix: les détaillants craignent que leurs clients soient mêlés
De nouvelles étiquettes beaucoup plus détaillées deviendront obligatoires la première semaine du mois de mai


Francis Halin
Des commerçants voient mal comment ils pourront mettre en place les nouvelles étiquettes dures à comprendre imposées par Québec.
«On craint que les consommateurs soient perdus en lisant les étiquettes de prix à partir du 7 mai prochain», dénonce au Journal Michel Rochette, président pour le Québec du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).
L'Office de la protection du consommateur va imposer une quantité plus importante de données sur les étiquettes. Entre autres choses, le prix courant du produit en rabais doit y figurer, tout comme le prix en fonction de la quantité, 70¢/100ml par exemple.
«On va se retrouver avec des étiquettes avec une dizaine de chiffres sur à peine 13 centimètres carrés. Trop d’information tue l’information», déplore-t-il.
À la mi-avril, l’organisation a fait parvenir une lettre au ministre québécois de la Justice, Simon Jolin-Barette, pour dénoncer le zèle de Québec dans le dossier.
On y apprend qu’il est «de plus en plus improbable» que les détaillants soient prêts.


Clients dubitatifs
Mercredi, des clients rencontrés dans un centre commercial de La Vallée-du-Richelieu étaient au même diapason. Trop d’informations n’est guère mieux que pas assez.
Plusieurs ont dit craindre d’être mêlés avec autant de détails confinés dans un petit espace. Certains ont même affirmé se préparer à un éventuel impact sur les prix en magasin.
«À la minute où l’on fait cela, c’est certain que l’on va payer pour. Ça prend du personnel pour changer tout cela», a partagé Marcel Roberge, un retraité de Beloeil.

Cascade de chiffres
Prix, taxes, fidélité, achats multiples, unités de mesure, typographie... Les détaillants trouvent que Québec ne va pas avec le dos de la cuillère.
Une épicerie peut avoir près de 40 000 étiquettes distinctes, ce qui rend l’affaire laborieuse, selon eux.
Les détaillants saisissent aussi mal pourquoi ce casse-tête doit maintenant s’appliquer dans les circulaires, les publicités, les sites web et les applications.
La nourriture pour animaux et les subtilités autour du prix d’origine leur posent également des problèmes, car les prix peuvent varier d’une région à l’autre.
Le cabinet se défend
Joint par Le Journal, le cabinet du ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette a martelé que son projet de loi 72 venait aider les familles à mieux s’y retrouver.
«Il importe que les familles aient accès à toute l’information dont elles ont besoin pour faire les meilleurs choix en fonction de leurs besoins et de leur budget», a-t-il indiqué.
Le cabinet mentionne que les épiciers ont été largement consultés et que le délai de mise en œuvre «avait été prolongé à six mois» à leur demande.
«Plusieurs commerçants nous ont indiqué avoir déjà, en amont du projet de loi, intégré plusieurs des nouvelles mesures dans leurs pratiques. Cela est donc assurément faisable», a conclu le cabinet de Simon Jolin-Barrette.
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Faits saillants
À Office de la protection du consommateur (OPC), on dit qu'en cas de non-conformité, on transmet d'abord un avis au commerçant fautif avant de lui remettre un constat d’infraction.

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