Nouvelle urgence psychiatrique à l’hôpital Saint‐François d’Assise: deux psychiatres tirent la sonnette d’alarme
Ils craignent un report du projet et les conséquences «vraiment néfastes» qui en découleraient


Dominique Lelièvre
Des psychiatres de Québec craignent que le projet de centre de service en psychiatrie à l’hôpital Saint‐François d’Assise soit victime des budgets serrés en santé et préviennent qu’un report pourrait avoir des conséquences importantes.
«Compte tenu du contexte récent où on entend que des projets d’infrastructures dans le réseau de la santé risquent d’être reportés [...], on est assez préoccupés», affirme la Dre Édith Labonté, psychiatre au CIUSSS de la Capitale-Nationale.
«On craint qu’il puisse ne pas être priorisé ou qu’il soit reporté et dans ce contexte-là, on juge que ça aurait des conséquences vraiment néfastes sur la clientèle qu’on essaie de desservir», dit-elle, ayant notamment en tête les retards très médiatisés dans le dossier de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont à Montréal.
Si elle n’a pas de preuve concrète que le projet sera mis sur pause par le gouvernement, c’est «le fait que nous n’ayons pas obtenu de réponse qui nous [pousse à nous interroger]», explique-t-elle.
Minuit moins une
Le Journal avait révélé en 2020 l’existence de ce projet majeur impliquant le CIUSSS et le CHU de Québec, qui prévoit notamment la construction d’un bâtiment de trois étages et l’ajout de plusieurs civières et services (voir encadré au bas).
Il était alors entendu que l’urgence psychiatrique de l’hôpital de Enfant-Jésus, qui dessert actuellement la basse-ville, serait relocalisée à Saint‐François d’Assise, car elle ne figure pas dans les plans du nouveau complexe hospitalier, le mégahôpital en construction dans Maizerets.

«Les services de psychiatrie d’urgence vont devoir quitter [l'Enfant-Jésus] en 2027», selon la Dre Labonté. Mais alors que cette échéance approche, la phase de réalisation du projet du côté de l'hôpital du Vieux-Limoilou se fait attendre.
«Si on ne peut pas aller là, où est-ce qu’on va aller? On n’a pas d’alternative, il n’y a pas de plan B facile à réaliser», demande-t-elle, soulignant que les besoins en santé mentale sont grandissants.
Des lieux de transition sont à l’étude, mais aucune solution n’est idéale, à son avis. Elle craint «que nous n’ayons pas tous les moyens modernes pour assurer des soins de qualité».
«Conséquence immense»
Ses préoccupations sont partagées par un de ses confrères, le Dr Yvan Gauthier.
«Si on se retrouve avec la perte d’une urgence psychiatrique, c’est une conséquence immense pour la qualité des services et l’accessibilité à la population», soumet le psychiatre.
Il souligne qu’«on ne peut pas désarticuler une urgence psychiatrique d’une urgence physique, parce que cette clientèle présente souvent des problèmes de santé concomitants».
Les deux spécialistes invitent le gouvernement Legault à confirmer rapidement qu’il va prioriser ce projet.
Dans une déclaration écrite, le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, affirme que «les sommes destinées aux nouveaux projets d’infrastructure font toujours l’objet de discussions».
Le projet à Saint-François d’Assise est inscrit au Plan québécois des infrastructures et la volonté du gouvernement «demeure de le réaliser».

«Notre objectif demeure de terminer les chantiers entamés, en priorité. [...] Nous souhaitons aussi que les nouveaux projets avancent le plus possible et nous évaluons présentement toutes les options pour y parvenir», lit-on.
Le CHU de Québec et le CIUSSS se sont dits en attente d’informations supplémentaires du gouvernement, préférant ne pas commenter davantage.
«Ce que l’on souhaite, c’est qu’au moins on ait une direction claire pour continuer à travailler sur ce projet-là», plaide pour sa part la Dre Labonté.
Le projet en bref
- Agrandissement et réaménagement d’une partie de l’urgence actuelle à l'hôpital Saint-François d'Assise
- Construction d’un bâtiment de trois étages avec service d’urgence en psychiatrie
- Ajout de 13 civières en santé mentale et de 7 en santé physique
- Unité d’intervention brève de 10 lits
- Cliniques externes en santé mentale
- Évalué de façon préliminaire à 35 M$ en 2020, il serait maintenant estimé à environ 125 M$
Sources: Secrétariat du Conseil du trésor, archives de presse et sources du Journal
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