Nouvelle tuile pour le REM, au centre d’une poursuite de 138 M$
Les constructeurs poursuivent les ingénieurs du train léger


Sylvain Larocque
Le Réseau express métropolitain (REM) est au centre d’une curieuse poursuite de 138 millions $ intentée par le consortium responsable de sa construction contre deux de ses membres.
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Cette bisbille interne éclate au grand jour alors que le propriétaire du REM, CDPQ Infra, une filiale de la Caisse de dépôt fait face à d’intenses critiques en raison des nombreuses pannes du train léger, qui relie pour l’instant le centre-ville de Montréal à Brossard, sur la Rive-Sud.
Le consortium, NouvLR, reproche à Atkins (anciennement SNC-Lavalin) et à Aecom d’avoir sous-estimé les coûts de construction du REM en évaluant mal des aspects cruciaux, comme les barrières pare-neige, les murs antibruit, les travaux d’excavation, la quantité d’acier nécessaire et le système de distribution de puissance électrique.
Conception «grossièrement inadéquate»
Les deux firmes «ont fourni une conception préliminaire qui était grossièrement inadéquate, en particulier parce que plusieurs éléments importants se sont avérés non conformes avec les exigences techniques du REM, prévus en quantité ou en qualité insuffisante, ou étaient carrément manquants», allègue la poursuite rédigée en anglais, qui a été déposée mardi à Montréal en Cour supérieure.
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«Si [AtkinsRéalis et Aecom] avaient fourni une conception préliminaire adéquate qui respectait les normes de diligence, NouvLR aurait demandé un prix significativement plus élevé dans sa soumission pour le REM et aurait, par conséquent, reçu [de CDPQ Infra] des paiements se rapprochant davantage de l’ampleur des travaux effectivement réalisés», ajoute-t-on.
NouvLR, qui comprend également les firmes de construction Pomerleau, EBC et Dragados Canada, réclame notamment plus de 51 millions $ pour le système de distribution de puissance électrique, 24 millions $ pour les structures surélevées, 13,5 millions $ pour les murs antibruit, 9,5 millions $ pour l’excavation à la future station Édouard-Montpetit et 8,2 millions $ pour les panneaux acoustiques dans les stations en lien avec le système d’information du public.
Multiples ratés
CDPQ Infra et les diverses entreprises responsables de la construction, de l’entretien et de l’exploitation du REM, dont Alstom, ont dû apporter plusieurs améliorations au réseau depuis sa mise en service, en 2023, notamment en ce qui a trait à la fiabilité, au bruit et aux conditions hivernales. Ces travaux se sont ajoutés à ceux dont il est question dans la poursuite de NouvLR, lesquels datent d’avant l’inauguration du REM.
«Étant donné que ce dossier est devant les tribunaux, nous ne commenterons pas», a indiqué jeudi par courriel Laurence Myre Leroux, une porte-parole d’AtkinsRéalis.
CDPQ Infra n’a pas voulu commenter non plus, notant qu’elle n’est pas visée par la poursuite.
«NouvLR doit livrer [...] un réseau dont les ouvrages sont conformes aux exigences techniques», a tout de même tenu à rappeler Michelle Lamarche, une porte-parole de CDPQ Infra.
– Avec Michaël Nguyen
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