Lésions médullaire: l’espoir de remarcher révélé par des chercheurs
Une stimulation de neurones à l'aide de lumières donne des résultats prometteurs

Catherine Bouchard
Les personnes ayant perdu l’usage de leurs jambes à la suite d’une lésion médullaire peuvent espérer pouvoir remarcher un jour grâce à l’identification d’une nouvelle cible neurologique lors d’une étude menée par des chercheurs de l’Université Laval.
Cet espoir est, à la base, possible puisque les lésions médullaires sont rarement complètes. Le cerveau garde donc accès au circuit de la moelle épinière situé sous la blessure. Toutefois, ce lien est souvent en dormance.
Une stimulation cérébrale profonde ou électrique pourrait potentiellement réveiller ce lien et ainsi stimuler la récupération de la possibilité de marcher.
L’équipe de Frédéric Bretzner, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval, s’est intéressée à une partie bien précise du cerveau, soit la région locomotrice mésencéphalique.
Cette partie du cerveau est depuis longtemps reconnue comme pouvant amorcer et accélérer la marche chez plusieurs espèces animales. Elle est composée de deux noyaux, le noyau cunéiforme et le noyau pédonculopontin.
«La région que nous avons ciblée est organisée par ces deux noyaux qui contiennent des neurones excitateurs et des neurones inhibiteurs. Des études ont déjà démontré que l’on peut améliorer la marche en stimulant certains de ces noyaux, mais on s'est demandé si l’un pouvait être plus efficace», explique le professeur.
L’équipe de chercheurs a obtenu d’intéressants résultats sur des animaux, en utilisant l’optogénétique, qui permet notamment la stimulation des neurones par la lumière.
«Nos résultats suggèrent que le noyau cunéiforme constituerait une meilleure cible neurologique que le noyau pédonculopontin pour améliorer la récupération de la marche chez les personnes souffrant d’une lésion de la moelle épinière », rapporte le professeur Bretzner.
Il précise que le noyau pédiculopontin, qui est une présentement une cible thérapeutique pour les patients souffrants de Parkinson, ne démontre pas de stimulation de la marche. Au contraire, il l’arrête.
Pour l’heure, il n’y a pas d’outils optogénétiques adaptés pour les humains. Toutefois, en attendant cette possibilité, le chercheur indique que la stimulation électrique du noyau cunéiforme pourrait déjà améliorer la récupération de la marche chez les patients ayant une lésion de la moelle épinière et des personnes souffrant de maladies neurodégénératives, tels les accidents vasculaires cérébraux, la sclérose latérale amyotrophique ou la maladie de Parkinson.
Les travaux de recherche de l’équipe du professeur Bretzner se poursuivent, notamment afin d’évaluer si d’autres populations neuronales pourraient être encore plus efficaces.