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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Nouveau roman de Muriel Barbery: escapade au pays du Soleil levant

Photo courtoisie, Boyan Topaloff
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Photo portrait de Karine Vilder

Karine Vilder

2022-09-03T04:00:00Z
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L’écrivaine française Muriel Barbery, dont le deuxième roman, L’élégance du hérisson, a été couronné de très nombreux prix, nous entraîne encore une fois au Japon avec Une heure de ferveur.

En 2020, Muriel Barbery nous proposait Une rose seule, un roman totalement dénué d’épines racontant l’histoire de Rose, une Française dans la petite quarantaine ayant accepté d’aller à Kyōto pour découvrir les dernières volontés d’un père qu’elle n’a pas eu la chance de connaître. 

En lisant deux ans plus tard Une heure de ferveur, le nouveau roman de Muriel Barbery, on a donc été assez surpris de retrouver ce père. Surtout que cette fois, il sera tout ce qu’il y a de plus vivant! «Lorsque je travaillais sur Une rose seule, je ne savais pas que j’allais ensuite en écrire l’avant, affirme Muriel Barbery, qu’on a pu joindre chez elle dans les environs de Tours, en Touraine. J’avais plutôt envie d’écrire un gros roman sur une femme de sa naissance à sa vieillesse, mais bien vite, je me suis rendu compte que j’étais incapable de quitter Kyōto et les personnages d’Une rose seule. Et puis je sentais que la question qui se posait là était la question du père.»

Tout naturellement, Muriel Barbery a donc entrepris de remonter le cours du temps pour redonner vie à ce Japonais dont l’existence sera bientôt à jamais bouleversée par une rencontre éphémère.  

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Une liaison dangereuse

Une chose qu’on tient d’emblée à préciser, c’est qu’il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu Une rose seule pour apprécier Une heure de ferveur, qui en est en quelque sorte la préquelle. Par contre, il est fort possible qu’après avoir dévoré l’un, on veuille aussitôt dévorer l’autre. Pour avoir les deux facettes de l’histoire, mais aussi pour l’atmosphère nippone, particulièrement bien rendue. 

Lauréate d’une résidence à la Villa Kujoyama en 2008, Muriel Barbery nous permet en effet de visiter Kyōto à distance, ce qui est loin d’être désagréable. «J’y ai vécu pendant deux ans et par la suite, j’y suis retournée aussi souvent que j’ai pu, précise-t‐elle. Là, ça va faire trois ans et demi que je ne m’y suis pas rendue à cause de la crise sanitaire, et j’ai bien hâte d’y aller en novembre.»

Entre-temps, elle nous invite à découvrir l’étonnant parcours d’Haru Ueno, le père de Rose. Fils d’un modeste brasseur de saké, il a décidé à 20 ans de quitter Takayama pour s’installer à Kyōto, où il compte suivre des études d’architecture et d’anglais. Mais comme il n’a pas grand talent, c’est son goût, très sûr, qui lui ouvrira toutes les portes : en quelques années seulement, il deviendra l’un des marchands d’art les plus prospères et les plus en vue de la région.

Collectionnant aussi les fêtes bien arrosées, il croisera en janvier 1979 la rousse Maud Arden, une attachée de presse d’origine française de passage au Japon. Et comme il parviendra à la séduire, ils passeront ensemble dix nuits. Après quoi elle décidera de le quitter sans vraiment donner d’explications. 

À partir de là, l’existence d’Haru prendra un tout autre tour. Car une fois en France, Maud mettra au monde leur petite fille en lui interdisant formellement de venir la voir. Pour Haru, ce sera donc le début d’une situation intenable avec laquelle il devra apprendre à vivre jusqu’à la fin de ses jours. 

Travailler la forme

«Pendant très longtemps, j’ai pensé que moins j’en savais sur l’histoire, mieux j’écrivais, explique Muriel Barbery. Mais Une heure de ferveur a démenti cette croyance. Connaître l’essentiel de la trame narrative m’a soulagée d’un grand poids. Je n’avais pas besoin de créer l’histoire de toutes pièces et du coup, je pouvais me concentrer sur l’aspect, sur la forme du texte. Je voulais arriver à la langue la plus précise possible, je voulais qu’elle soit à la fois sobre et poétique.»

«Plus le temps passe, plus j’ai envie de resserrer la forme, de la simplifier, de la rendre plus pure et plus limpide, poursuit-elle. J’ai donc cherché à faire des phrases droites et claires tout en donnant à voir les mystères du Japon.»

Photo courtoisie
Photo courtoisie

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