Nouveau cours de citoyenneté: accueil mitigé parmi les enseignants
Les enseignants sont divisés sur le contenu


Daphnée Dion-Viens
Les profs qui enseigneront le nouveau cours Culture et citoyenneté québécoise, qui remplacera le controversé cours Éthique et culture religieuse, ont réservé un accueil mitigé au programme provisoire du secondaire dont Le Journal a dévoilé les grandes lignes mercredi.
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Les réactions sont «à géométrie variable» parmi les membres de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse, dont une majorité sont des enseignants.
«C’est vraiment très éclaté», lance sa présidente, Line Dubé.
Les positions sont «très polarisées», dit-elle. Certains applaudissent à la lecture des nouveaux contenus, qui sont plus diversifiés et font une moins grande place à la culture religieuse, alors que d’autres sont très inquiets par les changements à venir.
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Éducation à la sexualité
L’éducation à la sexualité, qui sera désormais intégrée dans ce nouveau cours, suscite beaucoup de réactions, au secondaire notamment.
Au primaire, ce sont les profs titulaires de classe qui enseigneront le nouveau cours de citoyenneté, alors qu’ils sont déjà responsables du contenu entourant l’éducation à la sexualité.
Au secondaire, les enseignants spécialistes du cours Éthique et culture religieuse (ECR), qui donneront le nouveau cours de citoyenneté, n’ont pas été formés pour enseigner l’éducation à la sexualité, souligne Mme Dubé.
Or il s’agit de contenus «très délicats» avec lesquels certains ne sont tout simplement pas à l’aise, précise-t-elle.
La moitié des profs non formés
La formation, de manière plus générale, demeure un enjeu, selon l’Association. Présentement, seulement la moitié des profs du secondaire qui enseignent Éthique et culture religieuse sont formés spécifiquement pour le faire, selon un rapport du ministère de l’Éducation produit en mars 2021, à la suite d’une consultation dans le milieu scolaire.
«C’est préoccupant pour les élèves, les parents et le milieu», affirme Line Dubé, qui considère que le «fossé est abyssal» entre un enseignant spécialiste d’ECR et un prof de mathématique, d’anglais ou d’éducation physique qui donne le même cours. «On n’est pas dans les mêmes univers», laisse-t-elle tomber.
Mme Dubé considère par ailleurs que l’échéancier – qui prévoit des projets pilotes à partir de l’automne en vue de l’implantation du nouveau cours dans toutes les écoles à la rentrée 2023 – est «beaucoup trop rapide» pour faire les choses correctement.
À la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), on déplore ne pas avoir été consulté sur ce programme provisoire. Le syndicat d’enseignants a pris connaissance du contenu en lisant Le Journal mercredi matin.
«Notre grande déception, c’est de se retrouver encore face à une situation comme celle-là», laisse tomber sa présidente, Josée Scalabrini.
Cette dernière déplore que les syndicats d’enseignants ne soient pas associés de près à cette démarche, puisque ce sont les profs qui sont les premiers concernés par ces changements, souligne-t-elle.
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