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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

«Nous, on fait ce qu’on veut»: ces Québécois profitent du télétravail de leur coin de paradis

Près d’un Québécois en télétravail sur cinq a effectué un séjour ici ou à l’étranger au cours de la dernière année

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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-05-17T04:00:00Z
2025-05-17T13:36:31Z
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Plusieurs Québécois profitent de la souplesse du télétravail pour bosser autrement. Ils installent leur bureau ailleurs dans le monde, dans un lieu qui concilie productivité et qualité de vie. Le Journal vous propose une incursion dans le quotidien de ces travailleurs qui ont troqué les tours de bureaux contre la liberté géographique.


Plus de 80% des Québécois voudraient travailler dans des coins de rêve, selon un sondage de l’Ordre des CRHA. Le Journal vous raconte comment certains ont réussi à fuir leur bureau du centre-ville. Témoignages de ceux qui ont osé.

«L’idée, c’est de continuer à travailler, mais en étant déjà dans une destination», résume Émilie Robichaud, derrière le blogue Nomad Junkies avec son amie Safia Dodard.

Cofondatrice, Émilie R. s’est rendue aux destinations suivantes: Nouvelle-Zélande, Australie, Samoa, Laos, Vietnam, Cambodge, Malaisie, Birmanie, Japon, Chine, Taiwan, Indonésie, Hong Kong, États-Unis et Hawaï, Guam, Mexique, etc.
Cofondatrice, Émilie R. s’est rendue aux destinations suivantes: Nouvelle-Zélande, Australie, Samoa, Laos, Vietnam, Cambodge, Malaisie, Birmanie, Japon, Chine, Taiwan, Indonésie, Hong Kong, États-Unis et Hawaï, Guam, Mexique, etc. Photo fournie par Nomad Junkies

«Nous, on fait ce qu’on veut», lance-t-elle.

Comme elles, beaucoup de Québécois n’ont pu résister aux chants des sirènes.


Dans ce dossier, nous vous racontons l’histoire...

De deux nomades numériques qui ont le sentiment de liberté;

D'un couple qui a vécu le deuil de son garçon et qui parcourt le Québec;

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D'une professionnelle en sexologie du Québec devenue nomade au Costa Rica.

D'un président de 72 ans qui gère un important festival à distance (à lire dimanche);

D'une Québécoise qui a fait le tour du monde en télétravail (à lire dimanche);

D'un couple avec des poules qui travaille à partir d’un camp de chasse (à lire dimanche);


«On aurait pu penser que ça redescende après la pandémie, mais il y a eu une recrudescence», analyse Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM.

Parmi les personnes en télétravail dans la dernière année, près d’une sur cinq l’a pratiqué lors d’un séjour à l’étranger ou au Québec, révèlent ses données.

« C’était 10% en 2023, donc le phénomène remonte au même niveau qu’avant et se cristallise à 16% »

Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM

- Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM

Photo fournie par l'UQAM

Au Québec, le phénomène a un nom: les «tracances» (le travail-vacances).

C’est «travailler à partir de n’importe où dans le monde pendant une certaine période avant ou après des vacances».

Travailler au soleil

Pour Jean-François Bertholet, consultant en ressources humaines, le fameux bureau au soleil ne risque cependant pas de devenir la norme.

«Une entreprise pourrait dire une fois aux deux ans: "Vous pouvez travailler d’où vous voulez de mai à juillet"», illustre le chargé de cours à HEC Montréal.

«Je n’imagine pas un directeur être complètement à distance à Honolulu», évoque-t-il.

Il estime aussi qu’il est plus facile de partir en zone éloignée au Québec ou ailleurs sur la planète quand on connaît bien son équipe de travail et que l’on a déjà tissé des liens.

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« C’est séduisant. Est-ce que c’est une tendance de fond? Non, ça demeure plus marginal »

Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA)

- Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA)

Photo fournie par l'Ordre des CRHA

«Par contre le télétravail en général reste un argument de vente important», poursuit Mme Poirier.

Avant la pandémie, en 2020, à peine 7% des Québécois étaient en télétravail. L’an dernier, ce chiffre avoisinait les 32%, pointe Florence Jean-Jacobs, économiste principale de Desjardins.

«Les gens ont pris des habitudes et les entreprises y ont vu des bénéfices. Notre pays se démarque par une plus grande fréquence du télétravail», explique-t-elle

Plus productif

Depuis la crise sanitaire, le télétravail est entré dans la vie des Québécois. Une, deux, trois journées par semaine. Une panoplie de modèles se côtoient.

Productivité, engagement, performance, satisfaction, bien-être, perception de justice... Carrefour RH note plusieurs avantages au télétravail.

«Toutes les attitudes négatives mesurées (épuisement, départ volontaire) tendent à être moins élevées parmi les personnes qui travaillent principalement à distance», note-t-on.

D’après une étude du CIRANO d’il y a deux ans, deux personnes en télétravail sur trois sont convaincues d’être plus productives à distance.

«Chez ceux qui sont en télétravail 3 ou 4 jours par semaine, 70% disent accomplir plus de travail par heure lorsqu’ils travaillent à distance plutôt que sur les lieux de l’organisation», concluent les auteurs d’une étude du CIRANO.

Chez le plus gros employeur privé du Québec, Desjardins, la majorité est en mode hybride.

«C’est la formule 3/2 qui est la plus répandue (3 jours à la maison et 2 jours sur site)», indique Véronique Blais, porte-parole de l’institution financière.

62%
Proportion des travailleurs qui se trouvent plus efficaces en télétravail.

Avantages

Pas de transport (64%)
Tranquillité (65%)


Inconvénients

Isolement social (44%)
Perte d’esprit d’équipe (37%)


(Source: CIRANO, février 2025)

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