Super Bowl LIX: qui gagnera, selon notre expert sur place
Stéphane Cadorette
C’est un duel bien intrigant, que ce 59e Super Bowl à La Nouvelle-Orléans. À mon humble avis, les Eagles sont supérieurs. Meilleure ligne à l’attaque, meilleur jeu au sol et meilleure défense dans l’ensemble. Deux grandes forces des Chiefs viennent toutefois agir comme contrepoids avec Patrick Mahomes et Andy Reid. La cloche a sonné, le combat est lancé!
Non pas que les Chiefs forment une équipe ordinaire sans leurs deux ténors offensifs, au contraire! C’est plutôt que malgré certaines lacunes plus évidentes du côté des Chiefs que des Eagles, les qualités athlétiques surhumaines de Mahomes et le cerveau en ébullition de Reid font fi de bien des obstacles.
Vous en doutez vraiment? Les Chiefs étaient négligés par deux points par les preneurs aux livres face aux 49ers l’an dernier. Le scénario était exactement le même il y a deux ans contre les Eagles.
À chaque fois, on nous répétait que leurs opposants avaient la meilleure équipe, un alignement plus complet, une défense impénétrable... Pourtant, les Chiefs l’ont emporté les deux fois par des marges de trois points.
Maintenant, les rôles sont légèrement inversés puisque les Chiefs sont favoris, par un mince écart.
Quand les Chiefs ont le ballon
Impossible de passer outre la feuille de route d’Andy Reid, qui en sera à son sixième Super Bowl comme entraîneur-chef. Il rejoint d’ailleurs à cet effet le légendaire Don Shula au deuxième rang dans l’histoire, derrière Bill Belichick.
C’est invraisemblable, mais Mahomes affiche déjà cinq Super Bowls au compteur, à 29 ans. L’expérience du tandem, imperturbable dans les moments corsés, constitue un facteur non négligeable.
S’il y a un élément qui laisse perplexe chez les Chiefs, c’est le jeu de la ligne offensive. Mahomes a été victime de 36 sacs en saison régulière, un sommet en carrière. En deux matchs de séries, cinq sacs ont été ajoutés.
Trois différents bloqueurs à gauche ont défilé, un rare manque de stabilité dans cette équipe, qui n’a eu d’autre choix que de muter le garde Joe Thuney à cette position.
L’attaque au sol a été particulièrement ordinaire avec l’absence prolongée d’Isiah Pacheco. Depuis son retour à la fin novembre, il est invisible. Je ne m’attends pas à ce que les porteurs des Chiefs jouent un rôle déterminant, surtout que les Eagles sont un mur contre la course. Mahomes risque d’être la plus grande menace au sol pour convertir quelques troisièmes essais critiques.
Par la passe, même s’il n’y a pas de véritable joueur étoile dans le groupe de receveurs des Chiefs, le jeune Xavier Worthy est émergent et dangereux.
Il faut s’attendre à de courtes passes. Pas moins de 58% des verges aériennes des Chiefs sont venues après l’attrapé. Bref, les Chiefs ont le don de positionner leurs receveurs dans des zones où ils ont de l’espace pour manœuvrer. C’est là tout le génie de Reid.
Les Eagles sont toutefois solides contre la passe, eux qui logent au premier rang au chapitre des verges par passe complétée, au deuxième pour les verges accordées par match et au sixième avec une moyenne de 1,3 touché concédé par match via les airs.
Quand les Eagles ont le ballon
Le point central de l’attaque des Eagles est évidemment le porteur de ballon Saquon Barkley. Avec cinq touchés et 442 verges en trois matchs éliminatoires, il est encore plus dominant que durant la saison régulière, qui était déjà digne d’un jeu vidéo.
Au Super Bowl il y a deux ans, les trois porteurs des Eagles n’avaient gagné que 45 verges au sol. Barkley devrait en toute logique exploser ce triste total.
Les Chiefs peuvent s’en sortir en limitant ses courses explosives. Il compte sept courses de 60 verges ou plus cette saison.
Les Chiefs occupent le quatrième rang avec 4,1 verges concédées par course. Ce ne sera pas de la tarte pour Barkley comme ce fut le cas face aux Commanders et aux Rams, qui étaient respectivement 28e et 23e à ce chapitre.
Il ne faut pas regarder le quart-arrière Jalen Hurts de haut. Il est inconstant, mais quand il met la «switch à On», attention! Il avait d’ailleurs été phénoménal contre les Chiefs il y a deux ans.
On a toujours tendance à négliger l’apport défensif des Chiefs, qui n’ont donné que 19,6 points par match cette saison, ce qui leur a valu le quatrième rang. Leur front devra toutefois trouver une façon de percer la meilleure ligne offensive du circuit. Ce sera la mission du coordonnateur émérite Steve Spagnuolo.
Qui l’emportera?
La meilleure façon pour que les Eagles l’emportent, c’est en prenant rapidement le contrôle du pointage en route vers un massacre. Comme en 2020 quand les Chiefs, avec leur ligne douteuse, avaient été anéantis par la pression de la défense des Bucs.
Si toutefois le duel est corsé jusqu’à la fin, l’avantage ira aux Chiefs avec leur bagage à toute épreuve dans ces situations. Ils ont remporté leurs 17 derniers matchs décidés par huit points ou moins. C’est leur ADN.
C’est la cinquième fois dans l’histoire que deux équipes s’affrontent au Super Bowl dans un intervalle de cinq ans ou moins. À chaque fois, l’équipe qui a gagné le premier duel a aussi gagné le second.
La légion grandissante d’amateurs qui ne peut plus voir Patrick Mahomes en peinture n’y échappera pas. Ce sera le triplé pour les Chiefs.
PRÉDICTION: Chiefs 23 Eagles 20
PRÉDICTIONS EN SÉRIES: 7 en 12 (58,3%)
TOTAL CETTE SAISON: 194 en 284 (68,3%)