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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Notre monde s'est écroulé: que devenons-nous?

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Photo portrait de Denise Bombardier

Denise Bombardier

2022-03-11T10:00:00Z
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Depuis 2020, nous sommes entrés en errance. Non seulement elle a secoué nos valeurs occidentales, mais elle nous a transformés en orphelins, au propre comme au figuré.

Notre conception de la liberté, de la morale, de l’amitié, de l’amour, de la famille, du bien et du mal a été pulvérisée.

Renvoyés à nous-mêmes, à nos intuitions, à nos limites personnelles, nous nageons dans le relativisme. Tout est égal à tout. Toute vérité est susceptible d’être mensonge, et la mémoire, à savoir le passé, est devenue périmée.

Certains lecteurs vont cesser de lire la suite de cette chronique, qu’ils qualifieront de déprimante. Or qu’ils sachent que parmi les dictateurs des cent dernières années qui ont entraîné leurs pays dans un monde haineux et concentrationnaire l’un s’appelle Staline et un autre, Poutine. Ils tuent la Lumière, l’Espoir, le Courage, ces vertus qu’ils s’appliquent à pilonner à leur profit personnel. 

  • Écoutez l'édito de Denise Bombardier à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h via QUB radio :  

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Exemple soviétique

Staline, qualifié de « petit père des peuples », a soumis d’abord son propre peuple avant d’étendre son pouvoir tyrannique et meurtrier à d’autres pays d’Europe de l’Est. Il fut responsable de la famine en 1932 et 1933 qui a tué cinq millions de Soviétiques, dont quatre millions d’Ukrainiens. Leur « tort », c’est qu’ils refusaient le plan de collectivisation et d’expropriation des terres que Staline a imposé au pays.

Poutine lui ne recule devant aucune infamie. La dernière est l’attaque contre une maternité en Ukraine. À l’instar de ce qu’il a déjà fait en Syrie, il a voulu tuer les occupants de l’édifice, car la peur et la terreur sont ses armes préférées.

Comment comprendre donc que Trump ait vu du « génie » dans la stratégie de Poutine ? À sa façon, il a violé les valeurs que les descendants des pèlerins du Mayflower ont fait fleurir dans son pays et qui ont permis aux États-Unis de devenir la première grande puissance au monde à pratiquer la démocratie.

À ce jour, Donald Trump demeure un admirateur inconditionnel de Poutine. Il continue de polluer la vie politique en répétant qu’il s’est fait voler son élection. Par ailleurs, il réussit à conserver les appuis de plus de 45 % des Américains, qui croient à sa rhétorique populiste et qui souhaitent qu’il revienne au pouvoir. Cette semaine encore, des voix se sont fait entendre pour dire qu’avec Trump au pouvoir, Poutine serait obligé d’abandonner « sa » guerre.

Choc civilisationnel

Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous n’avions jamais été exposés à un pareil choc civilisationnel. Notre culture judéo-chrétienne a subi les assauts de la modernité. La croyance en Dieu a reculé et l’incroyance n’a eu de cesse de progresser. Mais ceci expliquant cela, les sectes et leurs gourous de tout genre ont pullulé. D’où notre confusion et notre impuissance face à cette catastrophe.

Le complotisme américain a traversé notre frontière, sans passeport, précisons-le. Cela laisse au Québec, dernier et fragile rempart contre le communautarisme canadien et le trumpisme vengeur, bien peu d’espoir dans sa quête de sens et de repères.

Nous sommes à la merci du délire de l’émule de Staline. Notre voisin du Sud est en train de se replier sur lui-même, et le Canada est dirigé par un adolescent quasi pacifiste. C’est peu dire que notre avenir collectif est plus incertain que jamais.

Mais nous sommes historiquement des survivants.

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