Salaires inférieurs et violences: après 50 ans de lutte, les femmes du Québec doivent encore se battre


Mathieu-Robert Sauvé
La condition féminine s’est considérablement améliorée depuis 50 ans, mais la lutte vers l’égalité n’est pas terminée, affirme la présidente du Conseil du statut de la femme, Louise Cordeau. «Les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes et les violences contre les femmes sont beaucoup trop nombreuses pour qu’on puisse être satisfaites de la situation actuelle», lance l’avocate à quelques jours du début des célébrations du demi-siècle du Conseil.
C’est le 6 juillet 1973 que le gouvernement du Québec crée officiellement cet «organisme d’étude et de consultation» qui a pour fonction de «conseiller le ministre» (le terme n’était pas féminisé à l’époque et ne l’est toujours pas sur le site gouvernemental) et de mener des études sur des questions jugées pertinentes.
Le Conseil du statut de la femme voit aussi à communiquer «toute question individuelle ou collective concernant l’égalité et le respect des droits et du statut de la femme».

Aucune députée!
C’est à la suite du dépôt du rapport de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, dirigée par Florence Bird, en 1970, que l’idée d’un organisme québécois visant à défendre le droit des femmes prend forme.
Il faudra attendre deux ans avant que la ministre Claire Kirkland-Casgrain (1924-2016) dépose le projet de loi 63 créant le Conseil du statut de la femme.
Mais le temps passe et quand l’Assemblée nationale du Québec adopte enfin le projet, six mois plus tard, aucune femme députée ne peut l’approuver. Mme Kirkland-Casgrain a, entre-temps, accepté un poste de juge.
C’est donc une assemblée à 100 % masculine qui adopte le projet.
Stéréotypes
Un des premiers bons coups du Conseil consiste à produire une étude sur les stéréotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires. Publiée en septembre 1975, cette recherche mènera à l’élaboration d’un cours destiné aux futurs enseignantes et enseignants pour lutter contre le sexisme.
Dans l’exposition itinérante qui circulera durant la prochaine année à différents endroits du Québec, on peut voir une publicité où un homme, pipe à la bouche, offre à sa femme un aspirateur tout neuf pour Noël.
À l’époque, les femmes devaient obtenir la signature de leur mari pour signer un bail ou obtenir un prêt dans une banque... «Les choses ont bien changé souligne Mme Cordeau. Aujourd’hui, le Québec est pris en exemple pour ses mesures sociales. Par exemple, le programme de garderies à bas coût mis en place par Pauline Marois a permis une meilleure conciliation travail-famille.»
Le Conseil poursuit son travail de recherche et d’éducation. Il a notamment publié un rapport majeur sur la place des femmes en agriculture. Et le 50e anniversaire sera l’occasion de lancer divers projets de communication.
Les expertes du Conseil occupent par exemple l’espace virtuel avec des capsules sur des sujets de l’heure – le consentement, par exemple – qui sont très populaires.
La Gazette, fière survivante du journalisme féministe!
La Gazette des femmes voit le jour en 1979 dans le but de présenter une couverture féministe de l’actualité. Seule survivante de la presse féministe qui a abondé dans les années 1970 et 1980, la publication « met de l’avant les avancées et les réussites des femmes, tout en soulignant les défis et les obstacles auxquels elles font face » selon l’équipe de rédaction.
«Puisque La Gazette éveille des journalistes à la pensée féministe, on peut poser l’hypothèse de son influence sur le contenu des médias et sur la pratique journalistique», concluent Nicole Beaulieu et Marie-José des Rivières dans un article consacré à cette publication dans Recherches féministes.
Après avoir été longtemps vendue en kiosque et par abonnement – jusqu’à 60 000 exemplaires en 1984 – la publication vit des heures difficiles 10 ans plus tard. Elle est 100 % numérique depuis 2011.