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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Trump au pouvoir: notre époque ressemble de plus en plus à l’avant-Seconde Guerre mondiale, selon des historiens

L’hyperpolarisation actuelle des États-Unis rappelle celle de l’Allemagne des années 1930

Donald Trump lors d'un rally le 5 janvier 2021, la veille de l'assaut du Capitole.
Donald Trump lors d'un rally le 5 janvier 2021, la veille de l'assaut du Capitole. Photo d'archives AFP
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Photo portrait de Dominique  Scali

Dominique Scali

2025-02-08T05:00:00Z
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Polarisation extrême, boucs émissaires et désinformation: des historiens voient de plus en plus de parallèles entre le retour de Trump à la Maison-Blanche et le contexte précédant la Seconde Guerre mondiale.

«J’ai toujours hésité à trouver des parallèles. Mais là, aujourd’hui, j’en vois beaucoup», avoue Augustin Simard, professeur au Département de sciences politiques de l’Université de Montréal et membre du Centre d’études allemandes et européennes.

Dans les derniers mois, de nombreux articles et livres ont été publiés comparant les États-Unis d’aujourd’hui à l’Europe des années 1920 et 1930.

La rhétorique trumpiste elle-même, avec ses menaces envers les immigrants et ses promesses d’âge d’or, n’est pas sans rappeler celle de Mussolini ou Hitler, qui puisaient dans l’humiliation de la Première Guerre mondiale pour faire miroiter un retour de grandeur à leur nation, notent plusieurs chercheurs anglo-saxons.

Vacuum

Mais pour certains, les similarités existent surtout dans les contextes politiques des deux époques, ce qui fait craindre une dérive autoritaire chez nos voisins du Sud.

À l’image du fossé abyssal entre démocrates et républicains, le système politique allemand des années 1930 était profondément divisé entre plusieurs factions de gauche et de droite, au point d’être dysfonctionnel.

«Le centre était intenable; il fallait choisir son camp», explique Augustin Simard. C’est dans ce vacuum laissé par l’hyperpolarisation qu’Adolf Hitler a pu s’installer.

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À l’époque, on parlait même de «guerre secrète» et de «complot sioniste», un peu comme quand les partisans de Trump parlent de «deep state».

Scepticisme

C’était aussi une période où il y avait énormément de scepticisme envers les partis démocratiques. Le tout sur fond de crises économiques et de changements technologiques.

«Il y aura toujours des gens pour dire que ce n’est pas comparable, que telle ou telle case n’est pas cochée. Mais [dans l’histoire], jamais on ne va reproduire exactement le même régime», explique Mylène Desautels, enseignante d’histoire au Collège Lionel-Groulx.

Elle voit elle aussi plusieurs similarités avec les années 1930: l’aspect viril que certains dirigeants mettent de l’avant, la victimisation qui vient avec le «nationalisme défensif» et une décomplexion vis-à-vis de la violence.

Le chaos comme méthode

«Le problème avec Trump, c’est qu’il dit [tout et] n’importe quoi», d’où la futilité d’analyser son discours, insiste Augustin Simard. Le plus révélateur, c’est en fait le chaos et la confusion qu’il crée et qui viennent ébranler les institutions démocratiques.

Des activistes allemands ont revendiqué le 23 janvier 2025 avoir projeté le salut polémique d'Elon Musk sur son usine Tesla près de Berlin pour dénoncer le geste interprété par certains comme un salut nazi.
Des activistes allemands ont revendiqué le 23 janvier 2025 avoir projeté le salut polémique d'Elon Musk sur son usine Tesla près de Berlin pour dénoncer le geste interprété par certains comme un salut nazi. Photo tirée de X @politicalbeauty

Pas plus tard que le 20 janvier dernier, le milliardaire Elon Musk lançait ce qui s’apparente à un salut nazi devant la foule réunie pour l’investiture de Trump.

Le plus intéressant, ce n’est pas le salut comme tel, mais le fait qu’il ait pu le faire sans aucune gêne, estime M. Simard. «Le message que ça envoie, c’est: “Je peux faire n’importe quoi, il n’y aura aucune conséquence.”» Ce genre d’impunité en haut lieu est «typique du fascisme», note-t-il.

– Avec Vox, ABC, The Atlantic, The Guardian, Politico, Berkeley UC et AFP

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