Publicité

Notre eau pompée «n'importe comment» par des compagnies étrangères qui nous donnent des redevances «risibles», dénonce Climat Québec

Partager
Photo portrait de Yannick Beaudoin

Yannick Beaudoin

2025-09-25T17:22:36Z
Partager

Le Québec laisse son eau être captée et embouteillée sans supervision par des entreprises étrangères, notamment américaines, dénonce la cheffe de Climat Québec, Martine Ouellet.

• À lire aussi: Eau brune à Saint-Jean-sur-le-Lac: propriétaires et locataires vivent un cauchemar sanitaire

• À lire aussi: Déchets dangereux américains: le Québec plus permissif et moins cher

• À lire aussi: Au-delà de l’expropriation: le procédé défaillant de Stablex, un scandale ignoré

Appelée à commenter la situation à Saint-Jean-sur-le-Lac, où des résidents font face à une crise d’eau potable en raison d’un aqueduc privé défaillant, Mme Ouellet a affirmé que le gouvernement québécois doit resserrer le contrôle de son eau potable.

«Il y a eu la politique de l'eau à laquelle d'ailleurs j'ai fortement contribué à l'époque, en 2002-2003, mais depuis ce temps-là, je veux dire, il n'y a pas d'application, il n'y a pas de surveillance, il n'y a pas d'inspecteur sur le terrain», a-t-elle déclaré en entrevue à l’émission de Benoit Dutrizac, à QUB radio et télé, diffusée simultanément sur les ondes du 99,5 FM à Montréal.

Celle-ci déplore la gestion des aqueducs privés dans plusieurs municipalités de la province.

«À un moment donné, eux autres là ils décident qu'ils foutent leur camp là, puis ils laissent les citoyens pognés avec le problème et les citoyens disent: "Oui, mais l'aqueduc n’a pas été entretenu". Ça fait que ce sont des millions d'investissements, mais les municipalités disent:"On n'a pas d'argent"», argumente l’ancienne ministre péquiste.

Publicité

Celle-ci estime que puisque c’est le gouvernement du Québec qui délivre les permis de captation d’eau aux entreprises privées, via son ministère de l’Environnement, c’est lui qui devrait prendre ses responsabilités plutôt que de «pelleter le problème dans la cour des municipalités».

«Comme l'entreprise privée a sacré son camp – l'eau, c'est un bien essentiel – il devrait faire ce qu'il faut pour que les gens aient accès à l'eau, puis ça prend des investissements», soutient Martine Ouellet.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Aucune surveillance

Dans ce contexte, la cheffe de Climat Québec critique que le nouveau ministre de l’Environnement, Bernard Drainville, doive supprimer une centaine de postes au sein de son ministère.

«Dans le ministère de l'Environnement, il n'y a pas trop de postes, il en manque. Ce qu'ils disent, les gens du ministère de l'Environnement [c’est]: "On n'a pas de monde pour aller vérifier ces aqueducs privés". Ça n'a pas de sens. Ils vont en avoir moins encore. Ça fait qu'ils vont être encore moins capables de faire leur job», indique la politicienne.

Selon cette dernière, le ministère de l’Environnement et le gouvernement du Québec on a complètement perdu le contrôle.

Publicité

«Ils ne savent même pas où est le problème parce que tout ça est enfoui dans le sol. Est-ce que ce sont des tuyaux bouchés, du manganèse qui s'est accumulé dans les tuyaux? Est-ce que c’est la source d'eau potable qui est le problème? Ils ne savent même pas. Ça fait que ça prend de l'expertise», clame l’ancienne ministre des Ressources naturelles.

«C'est très difficile d'avoir l'ensemble des informations du gouvernement du Québec depuis plusieurs années. La meilleure façon de ne pas donner d'informations aux demandes d'accès à l'information, c'est de ne pas l'avoir», ajoute-t-elle.

En plus de laisser des entreprises privées étrangères gérer son eau, le Québec ne touche presque pas d’argent avec sa propre ressource, affirme Martine Ouellet.

«Les redevances, c'est ridicule. C'est 500 dollars par million de litres d'eau, ça veut dire un vingtième de cent par litre d'eau! Un vingtième de cent! Une cent divisée en 20. C'est risible!», déplore la cheffe de Climat Québec.

«C'est un scandale», ajoute la cheffe de Climat Québec.

Pas de nationalisation de l’eau

Pour la politicienne, la solution n’est toutefois pas de nationaliser l’eau, mais plutôt d’en faire un bien commun.

«Ce n'est pas normal que le commerce de l'eau soit privé, puis que les gens fassent de l'argent avec ça, ce n'est pas normal... Et en plus que nous, on n'en fasse pas», soutient-elle.

Climat Québec prône d’abord et avant tout une meilleure surveillance de l’eau à travers le territoire québécois, notamment autour des entreprises privées qui pompent de l’eau dans les nappes phréatiques.

«Par exemple, Naya est dans une nappe phréatique dans le coin de Mirabel. Dans un coin de la nappe phréatique, tu as un site d'enfouissement. Ça fait que s'ils pompent trop d'eau, bien, il va y avoir de la succion du lixiviat du site d'enfouissement, le jus des déchets», explique Martine Ouellet.

«Ça fait qu'il faut avoir de la surveillance. On n'en a pas de surveillance. Ce n'est pas normal. On laisse aller notre eau n'importe comment, sans surveillance. Mais ça, ça prend des effectifs au ministère de l'Environnement», ajoute-t-elle.

Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.

Publicité
Publicité