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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Nos impressions sur la pièce «Un nouveau jour», qui se déroule dans un Québec indépendant et qui est à l’affiche au théâtre La Bordée

Photo fournie par La Bordée (crédit Nicola-Frank Vachon)
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Photo portrait de Yves Leclerc, Agence QMI

Yves Leclerc, Agence QMI

2025-10-30T22:33:02Z
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À la suite d’un référendum où le Oui l’a emporté à 52%, quatre personnes ont le mandat de concevoir un immense spectacle sur les plaines d’Abraham. La pièce de théâtre Un nouveau jour plonge dans la dernière séance de création du quatuor qui a comme mission de bâtir un événement qui mettra en valeur l’identité québécoise, et c’est très divertissant.

À l’affiche jusqu’au 22 novembre à La Bordée, l’œuvre de Jean-Philippe Baril Guérard est fort réussie. Il y a beaucoup d’humour, des rires jaunes, des malaises et des lignes fortes et décadentes. On ne s’ennuie pas, et les 90 minutes de la pièce passent comme un coup de vent.

Rafael (Juan Arango), un publicitaire, Élyse (Sophie Dion), une populaire animatrice de télé, Félix (Réjean Vallée), un cinéaste engagé, et Lise (Danielle Le Saux-Farmer), une intellectuelle qui a grandi à Sudbury, ont reçu cette commande du ministère de la Culture.

Photo fournie par La Bordée (crédit Nicola-Frank Vachon)
Photo fournie par La Bordée (crédit Nicola-Frank Vachon)

On les retrouve réunis dans une grande salle de conférence. Ils doivent soumettre, dans moins de 24 heures, leur projet. Qu’est-ce que l’identité québécoise? Qu’est-ce qui nous distingue en tant que nation?

Le quatuor ne s’entend pas. La mission, qui, au départ, semblait facile, se complexifie.

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La pression de livrer la marchandise augmente. Les concepteurs lancent des idées, débattent et ne s’entendent pas. Les conflits se dévoilent. Les attaques personnelles suivent. Ça se picosse allégrement et on dépasse les bornes. Est-ce que l’identité québécoise repose essentiellement sur le combo «hockey-poutine-Céline»?

Plein de sarcasmes

La mise en scène de Michel Nadeau, directeur artistique de La Bordée, est sobre. Les personnages évoluent dans un espace scénique épuré où l’on retrouve une grande table, un poste à café et la superbe œuvre d’art Le masque de Serge Lemoyne.

Photo fournie par La Bordée (crédit Nicola-Frank Vachon)
Photo fournie par La Bordée (crédit Nicola-Frank Vachon)

L’accent est mis sur le texte de Jean-Philippe Baril Guérard. C’est moderne, drôle, vivant et plein de sarcasmes. Certaines lignes sont corrosives, délirantes et pleines de vitriol. C’est très divertissant.

La distribution est excellente. Juan Arango est charismatique dans le rôle du concepteur publicitaire. Sophie Dion propose une animatrice vedette au-dessus de ses affaires et Réjean Vallée livre un cinéaste qui souhaite voir le Québec sortir de ses clichés.

Danielle Le Saux-Farmer mérite une grosse étoile avec le personnage de l’intellectuelle Lisa. Elle offre une grande performance dans le rôle d’une Franco-Ontarienne qui a choisi le Québec.

Elle brille dans la personnification de cette femme fragile, «fan» finie de Céline Dion, qu’on ne prend pas très au sérieux et qui a un faible pour le poulet St-Hubert. Ses mimiques sont hilarantes.

Photo fournie par La Bordée (crédit Nicola-Frank Vachon)
Photo fournie par La Bordée (crédit Nicola-Frank Vachon)

Pièce qui coïncide avec le 30e anniversaire du référendum de 1995, Un jour nouveau ne prend pas position pour le Oui ou pour le Non. La pièce aborde, avec réalisme et humour, nos travers et nos contradictions en tant que peuple québécois. On peut même voter, après la représentation, pour un référendum fictif, dont les résultats seront dévoilés sur les réseaux sociaux de La Bordée.

Après l’excellente version 2.0 de la pièce La délivrance, La Bordée récidive avec une œuvre réussie et fort divertissante.

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