Nos impôts pour renflouer la faillite de Postes Canada?


Mario Dumont
À quelques jours d’une autre grève, Postes Canada se retrouve ni plus ni moins en faillite technique. La société d’État peut émettre les payes tous les deux jeudis grâce à un prêt octroyé par le gouvernement fédéral en janvier. C’est l’avantage d’avoir le gouvernement comme seul actionnaire: être financé par un endosseur à peu près sans limites qui jouit du pouvoir de taxer.
C’est un énorme prêt d’un milliard que le gouvernement canadien a accepté d’accorder à Postes Canada. Et certaines sources mentionnent que l’entreprise pourrait encore manquer de liquidité avant la fin de l’année. Il faut préciser que Postes Canada a brûlé plus de trois milliards en six ans.
Un prêt? Un prêt financé par nos impôts? Est-ce que quelqu’un croit réellement que Postes Canada va se remettre à flot et générer des profits d’ici quelques années? Assez de profits pour rembourser ce prêt accordé par les contribuables? Bienvenue dans le club des optimistes si vous y croyez!
Impôts évaporés
Appelons les choses par leur nom. Une société d’État qui fonctionne dans le rouge foncé mois après mois est allée demander au gouvernement de la renflouer. Le gouvernement a dit oui pour sauver la situation et a choisi le mot prêt par souci d’afficher un souci de rigueur comptable.
Or la question de fond va se poser sérieusement pour le nouveau premier ministre. Monsieur Carney, le financier, ne peut pas accepter d’éponger à répétition les déficits d’une société d’État en naufrage. Dans l’état lamentable des finances du Canada, qu’il promet de redresser, il devra faire des choix difficiles.
Je l’imagine mal réserver un milliard par an dans le budget pour renflouer Postes Canada. Surtout, à titre de contribuable, je l’implore de ne pas laisser couler l’argent de nos impôts dans un bain sans bouchon.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Un grand coup
Après la grève de l’automne dernier, le gouvernement fédéral a mandaté une commission d’enquête pour réfléchir sur l’avenir des postes. Le rapport va loin et propose une transformation en profondeur.
Remplacement du courrier à domicile par des boîtes communautaires, livraison de colis la fin de semaine, assouplissement considérable des conventions collectives, fermetures de petits bureaux de poste, les mesures proposées paraissent assez radicales. Mais peut-être pas encore assez pour l’ampleur de la crise.
Le Canada doit réformer en profondeur son service postal. Impossible de se contenter cette fois-ci d’une belle petite grève. Un employeur qui plie puis on continue comme avant. Il ne s’agit pas de passer le bulldozer. Les employés doivent y trouver leur compte. Mais leur syndicat doit s’asseoir avec la direction pour parler de changements dans le modèle d’affaires.
C’est seulement normal que le Canada en arrive là. La plupart des pays l’ont fait longtemps avant nous. L’Allemagne a privatisé il y a 25 ans. Le Royaume-Uni l’a fait il y a 10 ans. Les Pays-Bas, le Japon, l’Italie ont procédé depuis longtemps à des réformes majeures ou des privatisations partielles.
Le Canada est juste en retard.