Nos grèves, on les aime au Québec!
On a les grèves qu’on mérite


Emmanuelle Latraverse
Pas un jour ne passe sans une nouvelle menace de grève au Québec.
À la construction résidentielle, aux traversiers, s’ajoute la menace du quart des employés d’Hydro-Québec, du personnel d’entretien de la STM, des employés d’Urgences-santé. Et il y a les mandats votés à la Sépaq pour bien bousiller notre été. On s’accroche au sursis accordé par les employés de l’aide juridique, les ingénieurs de l’État.
Beau championnat que le nôtre.
Avec moins du quart de la population, le Québec compte pour 91% des grèves au pays.
Que voulez-vous, on les aime, nos grèves, au Québec!
Épidémie
Les experts ont établi la liste des facteurs pour expliquer la hausse fulgurante des conflits de travail au Québec ces dernières années. Il y a eu la pandémie, la crise de l’inflation qui a exigé un rattrapage salarial et, enfin, l’effet de contagion entre syndicats.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Dorénavant au Québec, pour avoir bien négocié, il faut avoir fait la grève. Sans quoi il y a un risque que le syndicat se fasse accuser d’avoir été trop mou face aux méchants patrons.
Or il y a une statistique qu’on ne peut occulter: 87% des syndiqués au Québec sont dans le secteur public! Et ils pèsent lourd.
Patience
«On ne peut se permettre d’être patients», déclarait le ministre du Travail Jean Boulet lors du déclenchement de la grève de la construction résidentielle.
Le problème, c’est que les Québécois sont patients. L’appui imposant de l’opinion publique en faveur des enseignantes, des infirmières, même des éducatrices en CPE en fait foi.
Ça donne bonne conscience, et c’est sans risque. De toute façon, c’est l’État qui va payer.
Le problème, c’est que ça inspire les autres. Difficile de reprocher aux travailleurs de la construction de réclamer 24,35% sur quatre ans quand on a accordé 32% sur six ans aux policiers de la SQ.