Nos forêts ne sont pas de simples réserves de matière ligneuse
Plusieurs groupes réagissent au dépôt controversé du projet de loi 97 de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts

Henri Jacob, président d’Action boréale
À l’occasion de la fête des Mères, plusieurs groupes écologistes, des communautés autochtones ainsi que des membres de ces communautés de l’Abitibi et du Témiscamingue ont tenu un évènement rassembleur en territoire Anishinabe non cédé, à la forêt Piché-Lemoyne, en réaction au dépôt controversé du projet de loi 97 de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maité Blanchette Vézina.
Elles et ils ont décidé d’unir leurs voix pour dénoncer le sacrifice de nos forêts publiques au profit de l’industrie forestière. Même elles et ils s’entendent sur la nécessité d’améliorer nos pratiques de prélèvement dans la forêt publique, elles et ils jugent que le projet de réforme actuellement proposé représente un recul important, notamment en ce qui concerne les recommandations de la Commission Coulombe, formulées en 2004, et qu’il soulève, par conséquent, de sérieuses préoccupations tant sur le plan environnemental que social.
La ministre des Ressources naturelles s’apprête à imposer des changements majeurs qui bouleverseront la gestion du capital forestier collectif et l’aménagement du territoire. Bien que certaines Premières Nations aient été consultées brièvement, plusieurs dénoncent un processus superficiel dans lequel leurs préoccupations n’ont pas été réellement prises en compte. Quant aux communautés allochtones vivant sur ces mêmes territoires, elles ont été complètement ignorées.
Aucune consultation, aucun dialogue.
Dans un cas comme dans l’autre, ces décisions auront des conséquences profondes sur leur environnement, sur leur qualité de vie et sur celle des générations futures. Il ne fait aucun doute que les orientations du projet de loi répondent davantage aux pressions exercées par le lobby industriel.
Ne pas rester les bras croisés
Il est inconcevable d’accepter les bras croisés qu’à «perpétuité» le tiers des généreuses forêts sur le territoire soient réduites à devenir de simples réserves de matière ligneuse au profit de multinationales étrangères, entre autres, Paper Alliance qui a avalé Domtar et Produits forestiers Résolus.
D’autant plus qu’en Abitibi et au Témiscamingue, l’industrie minière détient déjà des titres d’exploitation (CLAIMS) sur une vaste portion du territoire, réduisant encore davantage les possibilités de le protéger.
Il est essentiel de dresser un bilan de l’état des écosystèmes qui nous offrent, avec générosité, de nombreux services indispensables: la purification de l’air et de l’eau, le contrôle de l’érosion des sols et des crues, l’approvisionnement en nourriture, en matériaux pour la construction de nos habitations, ainsi que des espaces de ressourcement et de loisirs... Et surtout, ils jouent un rôle crucial comme puits de carbone essentiels dans la lutte contre les changements climatiques.
Ce n’est qu’en ayant une connaissance claire de l’état de notre capital nature que nous pourrons décider, en toute conscience, de ce qu’il faut conserver et de ce qui peut être prélevé sans compromettre la capacité des milieux à se régénérer et à continuer de nous fournir les services et les ressources nécessaires pour répondre à nos besoins, mais surtout à ceux des générations futures.
Aux arbres citoyens!