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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Northvolt AB se met à l’abri de ses créanciers

Les 470M$ investis par les Québécois dans Northvolt, en Suède, risquent de s’envoler en fumée

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Francis Halin et Nicolas Lachance

2024-11-21T17:46:53Z
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Les 470M$ investis par les Québécois dans Northvolt, en Suède, risquent de s’envoler en fumée, a confirmé la ministre de l’Économie Christine Fréchette. L’entreprise derrière «le plus grand investissement privé de l’histoire récente du Québec», selon François Legault, a déposé une demande de redressement judiciaire aux États-Unis.

Le fabricant de batteries se place à l’abri de ses créanciers, souhaitant restructurer la dette de Northvolt AB et de certaines de ses filiales. Il assure cependant que la construction de son usine de batteries de 7G$ au Québec n’est nullement compromise.

«Northvolt Allemagne et Northvolt Amérique du Nord, filiales de Northvolt AB avec des projets en Allemagne et au Canada, sont financées séparément et continueront de fonctionner comme d’habitude en dehors de la procédure du Chapitre 11 en tant qu’éléments clés du positionnement stratégique de Northvolt», a assuré la société par communiqué, jeudi.

Structure de Northvolt
Structure de Northvolt Tableau tiré de documents de cour

«Ce processus permettra à Northvolt d’accéder à de nouvelles sources de financement, dont environ 145 millions $ en garanties en espèces. En outre, l’un des clients existants de Northvolt s’est engagé à fournir 100 millions $ de nouveau financement pour soutenir les activités commerciales de Northvolt», ajoute-t-on.

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Des pertes

Le gouvernement du Québec admet cependant que son premier investissement en capital-actions de 270M$ est maintenant à risque de s’évaporer. Idem pour les 200M$ de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«S’il y a un montant qui est à risque, c’est celui-là qui est le plus à risque. On ne peut pas avoir de visibilité, déjà, sur ce montant-là, ce qu’il en adviendra», a déclaré la ministre Fréchette jeudi après-midi. «On va aller faire nos représentations pour aller récupérer ce qu’on pourra récupérer.»

Pourtant, le premier ministre François Legault a toujours maintenu que le Québec passait «avant les actionnaires» afin de récupérer ses investissements.

La ministre de l’Économie parlait même d’un statut «prévilégié» pour les «270 millions dans la maison mère».

«Si jamais il arrivait une catastrophe, on serait très bien positionné pour récupérer notre part d’actifs», a-t-elle déclaré au mois de septembre.

Par ailleurs, le Québec pourrait devoir verser un autre 300M$ en capital-actions en Suède, si l’entreprise répond à une liste de critères bien précis, comme une mise à jour du plan d’affaires qui inclura les projections financières de Northvolt. «Il faudra également qu’il y ait un carnet de commandes suffisant qui soit mis de l’avant par Northvolt», a expliqué la ministre.

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Elle a néanmoins tenté de rassurer la population, affirmant qu’il y avait des liquidités suffisantes pour «assurer le maintien des activités à Northvolt Québec pour 18 mois». La ministre signale que c’est Québec qui contrôle la sortie des liquidités du compte bancaire.

Mercredi, le chef de bureau du média Bloomberg à Montréal avançait que le projet d’usine sur la Rive-Sud a de fortes chances de tomber à l’eau en raison des problèmes financiers colossaux de l’entreprise suédoise.

La méga-usine québécoise de Northvolt telle qu'imaginée par l'entreprise.
La méga-usine québécoise de Northvolt telle qu'imaginée par l'entreprise. Illustration fournie par NORTHVOLT

Argent public dans Northvolt.
Argent public dans Northvolt. Photo fournie par NORTHVOLT
Usines maintenues

À la mi-septembre, un économiste suédois estimait aussi que ce projet ne serait jamais mené à terme.

«Ça implose. Il n’y aura pas d’usine au Canada. J’espère que je me trompe», avait déclaré au Journal Christian Sandström, professeur associé à la Jönköping International Business School (JIBS), en Suède.

Photo Pierre-Paul Poulin
Photo Pierre-Paul Poulin

Malgré ce dénouement, l’usine Ett de Skellefteå et le Northvolt Labs, à Västerås, restent ouverts en Suède.

«Malgré les défis à court terme, cette mesure visant à renforcer notre structure de capital nous permettra de répondre à la demande continue du marché en matière d’électrification des véhicules. Nous sommes également ravis du soutien solide que nous avons reçu de nos prêteurs existants et de nos clients», assure Tom Johnstone, président par intérim du conseil d’administration.

Rappelons que le fondateur et PDG de Northvolt, Peter Carlsson, vient de quitter son poste de président du conseil d’administration de la filiale Northvolt Ett, propriétaire de la principale usine de l’entreprise dans le nord de la Suède.

Extrait d'un document de la CAQ portant sur Northvolt.
Extrait d'un document de la CAQ portant sur Northvolt. Fournie par la CAQ
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